Saint-Louis : Carlsen 0 – MVL 1 !

Le fait de battre Magnus Carlsen, et avec les noirs de surcroît, éclipse évidemment les autres événements du tournoi… Mais avant cela, Maxime avait déjà montré qu’il arrivait affuté dans le Missouri, et que sa volonté affichée de jouer pour une des deux premières places était parfaitement justifiée. Dès la première ronde, il avait en effet marqué les esprits en remportant une jolie victoire technique face au n°2 mondial, Wesley So. Il est toujours important psychologiquement de démarrer une compétition sur une bonne note. Fidèle à sa Najdorf, Maxime a ensuite engrangé une nulle facile avec les noirs contre Nakamura.

Titanesque duel de calcul

Le seul petit bémol de cette première moitié de tournoi aura lieu lors de la troisième ronde, contre Peter Svidler. Réfutant consciencieusement le jeu imprécis du multiple champion de Russie, Maxime obtint un net avantage, qu’il ne sut malheureusement pas convertir. D’abord en renonçant à l’échange des Dames, puis en oubliant une ressource tactique noire donnant une nulle immédiate (32…d5!).
En livrant et en gagnant le combat homérique que l’on sait face à Magnus le lendemain, Maxime aura fait ce que le très haut niveau exige ; ne pas ressasser les erreurs de la veille, et ne regarder que la partie qui vient. Pourtant, les choses n’ont pas été si roses au début. Fidèle à son style, Magnus choisit une ouverture à l’apparence insipide, offrant un rapide échange de Dames et une position symétrique (6.dxc3). Et comme souvent, il réussit tout de même à imposer un milieu de jeu sans Dames ultra complexe, et à prendre finalement l’ascendant vers le contrôle de temps.

Sinquefield Cup
Sinquefield Cup (Photo : Austin Fuller / Grand Chess Tour)

Mais Maxime aussi dispose de sa propre marque de fabrique, et plutôt que de subir la désagréable pression qui montait, il prit la décision d’effectuer un break au centre (43…e5), certes risqué, mais qui avait le mérite d’entraîner la partie dans de gigantesques complications tactiques. Et dans ce titanesque duel de calcul pur, c’est Magnus qui craqua le premier, en oubliant un détail tactique à la fin d’une variante-clé.

Maxime avait compris avant !

Du coup, il s’engagea dans une ligne de jeu qui fait d’abord perdre tout avantage (46.Tg2?), puis ne prit pas le temps de vérifier ses calculs en cours de route, et délaissa aussi la possibilité de conserver la nulle (48.Tf3?).
Ce n’est qu’une fois que le mal était fait que le champion du monde comprit l’étendue des dégâts. Mais Maxime avait compris avant, et c’est ce qui a fait la différence ! Un petit quart d’heure de réflexion permit tout de même aux blancs de trouver la suite qui poserait le maximum de problèmes techniques dans la finale, mais Maxime évita le dernier écueil en trouvant 63…c4 un dernier coup loin d’être trivial !

C’est presque fait ! (photo US Chess)
C’est presque fait ! (photo US Chess)

Avec une nulle lors de la cinquième ronde face à Aronian, Maxime maintient le cap avant la journée de repos qui précède les 4 dernières parties. Il est seul en tête avec 3.5/5, un demi-point devant Carlsen et Anand.
La 6e ronde aura lieu mardi à 20h (heure française), et Maxime sera opposé à Fabiano Caruana avec les noirs. Un challenge difficile mais passionnant l’attend : maintenir la meute à distance !

[otw_shortcode_quote border=”bordered” border_style=”bordered” background_pattern=”otw-pattern-1″]I shot the sheriff (https://www.youtube.com/watch?v=2XiYUYcpsT4)
Avant Maxime, seul Joël Lautier avait réussi l’exploit de battre le champion du monde en titre dans une partie en cadence classique. C’était le 13 mars 1994 au fameux tournoi de Linares (Espagne), à l’occasion de la 13e et dernière ronde. Garry Kasparov se trouvait en face de lui et, tout comme Maxime, c’est avec les pièces noires que Joël l’avait emporté. A revoir, la conférence de presse de Joël Lautier.[/otw_shortcode_quote]

Site officiel : http://grandchesstour.org
Les parties de Maxime :

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