En route pour mon 10e Grand Chess Tour !

Sinquefield Cup

C’est au forceps que j’ai obtenu ma qualification pour mon 10e Grand Chess Tour consécutif, en 2025. Il aura en effet fallu attendre la dernière ronde du dernier tournoi pour qu’une ultime victoire (contre le champion du monde Ding Liren) vienne valider mon ticket. Un soulagement d’autant plus grand que cette victoire mettait fin à une série de 25 nulles consécutives en parties classiques, et même de 29 dans les tournois du Grand Chess Tour ! Ne pas goûter à la victoire pendant si longtemps, surtout quand on a eu plusieurs belles occasions que l’on a gâchées, finit quand même par vous taper sur le système !

Évidemment, je suis content de cette solidité retrouvée, mais aussi du fait que la seule série toujours en cours est désormais une série plus sympathique, à savoir mon nombre de parties consécutives sans défaite, aujourd’hui à 52.

Retour sur la partie US du Grand Chess Tour 2024, toujours dans le temple du Saint-Louis Chess Club. Et un grand bravo à Alireza pour son nouveau triplé, après celui de 2022… Rapide & Blitz de Saint-Louis, Sinquefield Cup et Grand Chess Tour 2024. Impressionnant !

Tournoi Rapide et Blitz

Depuis 2014, j’ai eu le temps de prendre mes habitudes dans cette ville du Missouri ! J’ai toujours les mêmes routines, je sais quand me lever, quand faire du sport, quand et où aller manger etc…

Arrivé sur place 4 jours avant le début du tournoi, j’ai eu le temps de digérer le décalage horaire et de me préparer à un tournoi extrêmement relevé, tous les membres de l’élite (sauf Magnus) étant présents. Dans ce contexte ultra compétitif, les joueurs en méforme ont été lourdement sanctionnés au score… Évidemment, je pense avant tout à Prag, qui a gâché pas mal de positions – dont une contre moi d’ailleurs -.

Pour ma part, j’étais plutôt en forme au début, mais celle-ci s’est avérée ensuite un peu plus incertaine. J’ai notamment perdu une partie contre Nepo lors de la ronde 7 à partir d’une position dominante ; ça m’a un peu contrarié pour la fin du Rapide, même si j’ai eu un bon final grâce à ma victoire de la dernière contre Dominguez (dans une finale de la Berlinoise !).

En blitz par contre, ça a été beaucoup moins convaincant qu’à Zagreb (13/18 en Croatie, et 8/18 ici, la comparaison est vite faite !). Je sais bien cependant que le blitz est par nature un peu plus aléatoire, surtout à mon âge très avancé 😊. C’est aussi une question de « flow », de rythme, et à Saint-Louis, je n’ai pas pu le trouver, notamment le 2e jour, qui était décisif. Certes, la 1e place commençait à être loin car Alireza avait fait une très bonne première journée. Mais j’étais tout de même à égalité à la 2e place.

Tour-Fou contre Tour à venir ! (Photo : GCT).
Tour-Fou contre Tour à venir ! (Photo : GCT).

Malheureusement, j’ai perdu la première partie contre Hikaru (Nakamura) avec un pion de plus net en finale, pour finalement m’incliner dans Tour-Fou contre Tour 10 coups avant la règle des 50 coups !

Ca m’a fait mal, et après je n’ai pas pu ou su revenir. En tout cas, pas suffisamment pour prétendre réaliser une bonne journée ; surtout après une ultime défaite contre Alireza. J’ai finalement terminé à la 4-5e place du tournoi, ce qui n’était pas terrible et m’a mis dans une situation délicate avant d’entamer la Sinquefield Cup, où je devais impérativement faire mieux que Wesley So tout en gardant un œil dans mon rétro sur Nepo et surtout Prag. C’était la condition pour attraper la 3e place et me qualifier pour le Grand Chess Tour 2025.

Sinquefield Cup

J’ai commencé par deux parties sans histoire. Contre Nepo avec les noirs, j’ai joué pour une des premières fois au top niveau 1.e4 e5 sans opter pour la Petroff. Ça s’est bien passé, j’ai pu neutraliser Ian dans l’ouverture. Ensuite, nulle contre Prag sans trop de vagues, avec quelques petits regrets sur mon traitement de l’Italienne ; mais c’est l’histoire de nos vies de joueurs d’échecs 😊.

Ensuite, premier tournant contre Alireza (Firoujza), qui avait connu un début de tournoi sur les chapeaux de roue, bien aidé cependant par une partie contre Fabiano qui était extrêmement tendue et qu’il avait fini par remporter dans un zeitnot mutuel.
L’ouverture était un système de Londres, que j’avais un peu préparé en amont pour diversifier mes options ; celle-ci était plus agressive impliquant un sacrifice de pion, et menait à des positions avec peu de points de repère, ce que je peux apprécier également. Le traitement de la position était donc extrêmement complexe.

J’avais vu la ligne où il rate l’avantage par 21.h5!, au lieu de son 21.Txg4? gxf5 qui fait basculer la position en faveur des noirs. Mais j’avais vu sans vraiment comprendre ! Certes, j’avais réalisé que l’idée de transférer son Cavalier en d4 me permettait d’être mieux, par exemple 21.Cb3 gxf5 22.Cd4 Fh6. Sauf que s’il commence par 21.h5! gxf5 22.h6 Fh8 23.h7+, mon Fou en h8 ne revient pas en h6 et c’est une énorme différence pour l’évaluation de la position. Ça n’en a peut-être pas l’air au premier abord mais ça se comprend à l’analyse. Cela dit, c’est tellement difficile que ça n’a été vu ni par Alireza, ni par moi…

Dans la partie, je me suis donc retrouvé mieux, mais dans une position complètement irrationnelle. Je savais bien qu’elle demanderait énormément de consolidation de ma part. La partie avançait, je sentais que je jouais les bons coups, mais sans trop savoir où j’en étais en termes d’évaluation. A un moment, quand j’ai dû rendre le contrôle de la colonne g, certes en allant chercher le pion h5 des blancs, je sentais que je commençais à perdre le contrôle car ses Cavaliers pouvaient toujours créer des menaces, et sa Tour sur la colonne g était assez insupportable.

Le tournant, il a eu lieu dans cette position : mon idée était 36…Fxd4. Mais tout d’un coup, j’ai vu 37.Cxd5!? et 37…cxd5 38.Dxd5 Fg7 (seul coup) 39.Df7 De5 (seul coup) 40.Dxh5+ Rg8 ne m’a pas satisfait ; certes, la machine donne l’avantage aux noirs, mais j’étais loin d’être convaincu de ça pendant la partie ! Ensuite, j’ai calculé 37…Fe6 38.Cf6+ Fxf6 39.Dxe6 Tg5 (seul coup) 40.Txg5 Fxg5 41.Dxf5+ Rh6 42.De6+ (42.Dxe4? Dh7! avec un échange de Dames gagnant) 42…Rg7 42.Dxe4 et je me suis arrêté, oubliant complètement 42…Df7! suivi de 43…Fh4 et mon pion f fera la différence. Je suis donc revenu à la position du diagramme et j’ai regardé les autres options qui me paraissaient possibles. 36…Dc8 ne m’a pas plu non plus et j’ai finalement opté pour 36…Db8, qui est un autre bon coup et qui ne gâche rien. Après avoir répété une fois la position par 37.Da4 Dc7 38.Db3 Db8 39.Da4, en dépit de mes 40 minutes et de ma demi-heure d’avance à la pendule, j’ai complètement paniqué et perdu toute objectivité. Je n’ai pas vu le gain le plus simple qui était 39…Th2, forçant soit un piteux repli comme 40.Cd1, 40.Tf1 ou 40.Dc2, soit 40.Cxd5 que l’on peut superbement ignorer par 40…Txf2 et avec la Dame en a4, les blancs n’ont aucun contre-jeu sur mon Roi. A la place, j’ai bêtement répété une troisième fois par 39…Dc7?, une décision qui n’est pas été comprise par les commentateurs et dont j’avoue qu’elle ne répond effectivement pas à une logique rationnelle !

Contre Abdusattorov, rien à signaler; j’étais encore marqué par la partie précédente et je n’ai rien obtenu avec les blancs.

Contre Fabiano (Caruana), juste avant la journée de repos, j’ai repris mes esprits et joué une partie plutôt correcte. L’équilibre n’a jamais vraiment été rompu même si à la fin je commençais à me prendre d’ambition. Mais je me suis dit qu’objectivement je n’avais vraiment pas grand-chose, et qu’en plus, si je déclinais la nulle après ce que j’avais fait contre Alireza… 😊.

Tout sourire avec les officiels (Photo : GCT).
Tout sourire avec les officiels (Photo : GCT).

J’affrontais ensuite Gukesh en doublant les noirs. Une autre Najdorf après celle contre Fabiano, cette fois avec 6.Fd3. Je n’ai pas trop compris son idée dans l’ouverture, parce que je n’ai pas dévié de ce que je joue habituellement, et qu’il semblait ne savait pas trop savoir quel plan adopter. Ça a mené à un milieu de jeu extrêmement compliqué où j’ai donné le pion a6 en me disant que j’allais certainement avoir des compensations sur le plan tactique, dans une position qui restait extrêmement compliquée.

Après 18.Fxa6, j’ai rejeté le sacrifice 18…bxa6 19.Fxe5 Fb5 20.Tf2 dxe5 21.Txd8 Texd8 qui me semblait insuffisant pour les noirs. J’ai préféré jouer pour les compensations positionnelles avec 18…Cfd7 19.Fd3 Fh4. Peu après, il a commencé à manquer de temps, et il y a eu quelques imprécisions de part et d’autre quand la situation s’est décantée au centre. Finalement, Gukesh, qui ne jouait déjà quasiment plus que sur l’incrément, a décidé d’échanger les Dames, ce qui nous a amené à la finale suivante :

Maintenant, c’est la course, et je pense qu’il n’avait pas anticipé que je puisse être rapide moi aussi avec mes pions à l’aile-Roi !

La longue séquence suivante est quasi forcée. J’ai cherché si je n’avais pas d’autres options mais je n’ai pas trouvé. 39…g5 40.a4 h5 41.a5 g4 42.hxg4?! (meilleur était 42.a6! pour garder les pions h car ça tendait un piège diabolique aux noirs ! Si ils continuent comme dans la partie par 42…f3 43.gxf3 gxf3 44.Cc3 Th2 45.Rg1 Fg3? [seul 45…Tg2+ 46.Rh1 Ff2! permet de survivre dans cette ligne : 47.Tf1 Fd4 48.Txf3 Txc2 et les noirs s’accrochent] 46.a7 f2+ 47.Rf1 Th1+ 48.Rg2 Txc1 49.a8=D+ Rg7 50.Db7+ Rg6 51.Dxc6+ Rg5, la grosse nuance est 52.Rxg3! et les blancs gagnent puisque avec la présence des pions h3/h5, la menace 53.h4 mat est létale) 42…hxg4 43.a6 f3 44.gxf3 gxf3 45.Cc3 Th2 46.Rg1 Fg3 (le plus simple, et ce sont maintenant les blancs qui doivent trouver le chemin de la nulle) 47.a7 (et pas 47.Cd1 Te2!) 47…f2+ 48.Rf1 Th1+ 49.Rg2 Txc1 50.a8=D+ Rg7 51.Db7+ Rg6 52.Dxc6+ Rg5 et maintenant que 53.Rxg3? f1=D n’est plus possible puisqu’il manque la possibilité de h4 mat et que par ailleurs, la Dame blanche n’a pas d’échec, Gukesh est obligé de trouver une série de seuls coups pour s’en sortir. 53.Dc4 Tg1+ 54.Rh3! (et surtout pas 54.Rf3? Rh4!) 54…f1=D+ 55.Dxf1 Txf1 56.Rxg3 Tc1

Ici, Gukesh a trouvé le chemin le plus simple vers la nulle, en abandonnant ses deux pions de l’aile-Dame pour obtenir une forteresse avec le Cavalier en d3. 57.Rf3! Txc2 58.Cd1 Td2 59.Cf2! (et pas 59.Ce3? qui ne serait pas une forteresse car après 59…Txb2, les blancs ne seraient pas en mesure d’empêcher le passage du Roi noir vers la case-clé f4) 59…Txb2 60.Cd3 Tb5 61.Re3 Rg4 62.Re2 et les blancs ont le setup défensif parfait.

Une excellente performance défensive de Gukesh, surtout avec si peu de temps à la pendule.

La fameuse finale Berlinoise… (Photo : GCT).
La fameuse finale Berlinoise… (Photo : GCT).

Ensuite contre Anish (Giri) avec les blancs, je me suis fait neutraliser par la fameuse Berlinoise, avant de me créer des difficultés tout seul dans l’avant-dernière ronde contre Wesley (So), même si ça s’est fini par un nouveau partage du point.

Finalement, contre Ding pour la dernière ronde, je connaissais ma mission, car entretemps Wesley, qui avait un demi-point d’avance, avait perdu contre Abdusattorov. Nous étions donc à égalité et il fallait que je fasse mieux que lui pour le devancer au classement final du Grand Chess Tour et prendre cette fameuse 3e place qualificative pour 2025. Pour cette mission, j’avais donc les blancs contre le champion du monde, tandis que lui avait les noirs contre Gukesh. Je savais qu’il fallait garder une position compliquée, d’autant que Ding avait perdu deux jours plus tôt contre Alireza justement sur ce type de position. D’où le choix de la prépa spécifique contre l’Espagnole concocté avec mon entraîneur, et de la gestion du temps également.

Ça a marché au-delà de mes espérances car il s’est très vite mélangé les pinceaux avec 19…Cg6?, qui certes se regarde, mais qui est tellement risqué au regard de la position. Tu sens que si les blancs gagnent un ou deux temps, ça va vite devenir catastrophique pour les noirs. Je crois que mon coup 20.De1! réfute sa conception. Si 20…Cxh4 21.f4! Cg6 22.f5 h4 23.Fh2 et la position noire est au bord de l’implosion. 20…c4!? était la seule façon d’essayer de pêcher en eaux troubles, mais après son choix de 20…Rf8? 21.f3, il n’a jamais pu opposer de vraie résistance tant il semblait un peu ailleurs.

Dans la perspective de son match de championnat du monde qui débutera le 25 novembre contre Gukesh, il peut se prévaloir de quelques points positifs. Au Championnat du monde Rapide et Blitz par équipes en août à Astana, son niveau de jeu était plutôt encourageant, je pense que le fait de jouer en équipe l’a aidé. D’ailleurs, ça va être intéressant de le voir jouer aux Olympiades à Budapest. Mais dans ce type de tournoi comme la Sinquefield Cup, tout le monde est à fond, le couteau entre les dents. Et lui, quand il avait une position prometteuse, il ne la poussait pas au bout. Forcément, ça joue des tours quand finalement il faut commencer à défendre. Sur la fin de tournoi, contre Alireza d’abord puis contre moi, on a senti qu’il retombait un peu dans ses travers. Il lui reste quelques mois et une préparation à peaufiner, mais le temps presse pour retrouver le Ding « prime » qu’on a connu et qui nous manque ! Si le match avait lieu demain, Gukesh serait clairement favori. Mais attendons un peu, car les choses peuvent évoluer très vite : il reste presque 3 mois, il y a d’autres tournois qui vont être joués mais il est vrai que la charge est sur Ding et son équipe, qui doivent trouver les solutions pour le remettre sur les rails.

Classement final du GCT 2024 (Image : GCT).
Classement final du GCT 2024 (Image : GCT).

Avec cette qualification pour le Grand Chess Tour 2025, l’objectif important de cette année est accompli. Mais d’ici décembre, il reste quelques autres échéances. La première, ce sont les Olympiades, où je vais signer mon retour en équipe de France. On a une équipe qui certes est amputée d’Alireza mais qui a quand même fière allure. C’est sûr qu’on va tenter de faire quelque chose de grand ! Au programme ensuite le dernier tournoi du Champions Chess Tour, même si je suis déjà virtuellement qualifié pour la finale en présentiel de décembre.

Il y aura également en octobre la 2e édition de la Global Chess League à Londres, suivie de la WR Masters Cup, dans la capitale britannique également.

Les parties rapides de Maxime :

Les parties blitz :

Les parties longues :


A peine revenu des Etats-Unis le 31 août, Maxime est reparti pour Vichy. En effet, le CREPS (Centre de ressources, d’expertise et de performance sportive) installé dans cette ville du centre de la France accueillait les équipes de France pour un stage de préparation avant les Olympiades de Budapest. Très réputé, le CREPS de Vichy est régulièrement choisi par des athlètes ou des équipes internationales avant une compétition majeure. Le staff d’aide à la performance a donc pris en charge les 10 joueurs et joueuses ainsi que les 2 capitaines pendant 5 jours. Au programme, des séances axées sur le sport, la récupération et le sommeil, sur la base de journées-type assez rythmées. Sans oublier de laisser un peu de temps pour la préparation purement échiquéenne, soit 3 ou 4 heures par jour. Une initiative qui semble très satisfaisante et qui mériterait d’être installée dans la durée.

Briefing avant la muscu (Photo : FFE).

Au pied de la montagne

Grand Hotel Bucarest

Avant de commenter ces tournois de juillet, je vais refaire un petit point sur le premier semestre 2024 dans son ensemble, au cours duquel je n’ai disputé aucun tournoi en cadence classique, seulement quelques parties isolées dans les compétitions par équipes, dans la ligue allemande, dans la ligue autrichienne et bien évidemment au Top 16.
Même si les tournois rapides et en ligne se sont parfois bien passés (avec notamment la victoire en Division 2 du Champions Chess Tour de mai), j’avais quand même pas mal d’interrogations avant le début de ce Grand Chess Tour 2024, et plus particulièrement parce que je n’avais pas été opposé à l’élite mondiale en partie classique depuis un bon moment…

BUCAREST

La moitié des participants était constituée de têtes bien connues mais pas l’autre, puisque pour la première fois depuis une éternité, elle comportait notamment deux joueurs contre lesquels je n’avais jamais joué de partie longue, Abdusattorov et Gukesh ! Dans le Top 20 mondial, il ne me restera plus qu’Erigaisi dans ce cas !

Le duel franco-français, et une belle opportunité manquée pour Maxime (Photo : Grand Chess Tour).
Le duel franco-français, et une belle opportunité manquée pour Maxime (Photo : Grand Chess Tour).

Après deux nulles sans histoire contre Nepo et Prag, j’avais les blancs contre Alireza (Firouzja), qui a opté cette fois pour la finale de la Berlinoise. Après une très bonne préparation de sa part, nous avons obtenu une position un peu bizarre à jouer et à évaluer. Une tâche compliquée aussi par cette nouvelle cadence (2h KO + 30’’/coup), où tu as tout ton temps puisqu’il n’y a pas de contrôle intermédiaire ! En conséquence d’ailleurs, il y a certainement eu moins d’erreurs dans les milieux de jeu et les parties étaient de meilleure qualité.

Mais celle-ci est l’exception qui confirme la règle !
Ici, j’ai trouvé le coup pas facile 23.Te1, évitant 23.c3 f5 24.Fg5 (24.g5? Fb3!) 24…Fxg5 25.Cxg5 Fb3 26.Te1 fxg4 27.hxg4 Tbg6 28.f4 h6. Après 23…f5 24.g5, Alireza a commis la grosse faute de calcul 24…Fa2?! 25.Rf4 Txb2? car il a raté 26.c4! Txd2 27.Cxd2 a4 28.Ta1 Fb3 29.Cxb3 axb3 30.Tb1 et l’activité du Roi confère aux blancs une finale gagnante.

Néanmoins, la conversion technique de l’avantage n’était pas si simple car il y a encore tout un travail à faire pour mettre en marche les pions. Dans cette position critique, Alireza a joué sa carte pratique avec 35….b5!?. Ma réponse horrible 36.cxb5? (36.Rg4 Th1 37.f4 faisait parfaitement l’affaire) s’explique par le fait qu’après 36…c4 37.Tb4 Txf3+, mon idée de base était 38.Re6, mais il y a alors 38…cxb5 39.Txb5 Tb3! (la défense que j’avais oubliée !) qui fait nulle sur le champ. Malgré cet oubli crucial, j’ai eu l’impression de pouvoir encore pousser par 38.Re4 Txa3 39.bxc6, mais il a bien défendu la finale de Tours après 39…Fc7! et sauvé le demi-point. Une cruelle désillusion !

Tout le monde écoute Maxime ! (Photo : Grand Chess Tour).
Tout le monde écoute Maxime ! (Photo : Grand Chess Tour).

La ronde suivante, avec les noirs contre Abdussatorov, j’ai été surpris qu’il persiste à jouer la ligne 6.Dd3 contre la Najdorf. J’ai plutôt bien géré l’ouverture, notamment en trouvant deux coups vraiment pas faciles (11…Dc8 et 12…h5). Je me suis même retrouvé nettement mieux parce qu’il m’a laissé prendre le pion e4 dans de très bonnes conditions.

C’est quand j’avais fait le gros du travail que j’ai joué un peu vite 16….Fe7?!. Mais ce n’était pas facile de jouer 16…d5!, (qui est le meilleur coup) car il y aurait eu plus de complications et je pensais simplement pouvoir consolider mon pion de plus. Mais c’est vrai qu’après 17.c4, bizarrement les compensations blanches pour le pion sont assez énormes. A la limite j’aurais dû, après 17…Tb8 18.Fd2 0-0 19.Cc3, simplement sacrifier la qualité par 19…Txb4 20.Cd5 Cxd5 21.cxd5 Fb5 22.Fxb4 Fxe2. A la place, j’ai préféré 19…Cb6 20.Tc1 Fb7 lui laissant l’opportunité (que j’avais anticipée en plus !) de ramener le Cavalier en e3 par 21.Cd1! après quoi je crois que les blancs auraient pris l’avantage. Heureusement, il a choisi 21.Dd3 et j’ai sauté sur l’opportunité de donner la Dame par 21…Dc6!

22.Ff3 Dxc4 23.Cd5 Fxd5 24.Txc4 Fxc4 obtenant une position qui me semblait presque meilleure pour les noirs. D’ailleurs elle l’est, en pratique en tout cas, mais après 25.Dc2 g6 26.Fe3 Fb5, il a trouvé une séquence de défense assez somptueuse avec 27.Fxb6! Txb6 28.Ce6! Tfb8 29.Cc7! Rg7 30.Cd5!. Les blancs redonnent un pion supplémentaire, le pion h4, mais ils s’en moquent. Ils ne prennent surtout pas le pion d6 et utiliseront leur Dame qui viendra en c7 et leur Fou en d5 pour créer une forteresse. Mes pièces ne peuvent pas bouger et la nulle a été conclue un peu plus tard ! Dans l’ensemble, c’était une bonne partie. Elle fait un peu écho à celle contre Alireza, dans le sens où c’est également une occasion ratée pour moi, même si c’était beaucoup plus difficile ici.

Les premiers arrivés ! (Photo : Grand Chess Tour).
Les premiers arrivés ! (Photo : Grand Chess Tour).

Cinq autres nulles plus tard, on peut s’arrêter au résultat final, 9 nulles, qui ne fait pas rêver, je le sais bien 😊. Je reste sur une longue série (en cours) de 17 nulles consécutives en parties longues. Le bon côté des choses : je ne perds pas et je suis solide. Le mauvais côté, c’est que je rate aussi parfois des occasions. Il faudra donc offrir un contenu plus tranchant à la Sinquefield Cup en août à Saint-Louis (Usa).
Mais dans l’ensemble, en termes de contenu, c’est quand même beaucoup plus encourageant, d’autant que j’ai eu plusieurs d’occasions de remporter des parties.
Je suis également satisfait de n’avoir été en danger dans strictement aucune partie. J’estime donc que le bilan est plutôt positif, même si comptablement, ce n’est pas tout à fait ce que j’espérais (au moins +1).
A confirmer à Saint-Louis !
La caravane du Grand Chess Tour a enchaîné Bucarest et le Rapid & Blitz de Zagreb. Ironie du sort, et en dépit de toute logique géographique, notre vol entre les deux capitales faisait escale à… Paris !

Zagreb rapide

Dans le Rapide, j’avais un peu plus de certitudes puisque j’avais plutôt bien joué ces derniers temps. J’ai gagné le Tata Steel India et le dernier tournoi du Champions Chess Tour en septembre dernier, j’ai fait 2e du Rapid & blitz de St-Louis en décembre, et j’ai aussi remporté des tournois en ligne etc… Ici à Zagreb, j’ai pu à nouveau montrer que j’étais toujours alerte quand les cadences s’accélèrent.

Ah, ces joueurs d’échecs… Toujours en train d’analyser ! (Photo : Grand Chess Tour).
Ah, ces joueurs d’échecs… Toujours en train d’analyser ! (Photo : Grand Chess Tour).

Dès la première ronde, avec les noirs contre Aronian, j’ai utilisé une vieille préparation sur une ligne de la Grünfeld avec 3.f3. Je ne me rappelais plus de tous les détails mais ça a permis d’obtenir une position extrêmement déséquilibrée ; je crois qu’on était tous les deux contents !

Ici, j’aurais dû jouer 21…Tfe8, pour pouvoir reprendre du pion f en g6. Je ne voulais pas oublier d’attaquer à l’aile-Dame et je pensais avoir le temps pour 21…a5?. Mais après 22.hxg6, j’ai réalisé que je ne pouvais pas reprendre du pion f parce qu’il y a 23.Ce6. Évidemment je ne peux pas non plus reprendre du pion h, car il y a 23.f4! puis 24.Tdh3 et je me fais mater. Donc, 22…Dxg6 n’est pas idéal, mais c’est forcé !
Ce qui a été une constante en rapide, mais encore plus criant dans cette partie, c’était mon
avance au temps : j’ai pu avoir 10, voire 15 minutes d’avance dans de nombreuses parties rapides.
Ici, Levon a navigué un peu trop lentement dans les complications, mais au niveau de la position, ça restait très très chaud !

Ici, j’ai pris 2 minutes pour valider le choix de 27…Ff1, en ayant en tête toute la variante 28.Fe3 Fxe3 29.Txe3 Cc4 30.Te2 Ce5 31.Texg2 Fxg2 32.Txg2 Cg4, ce qui a m’a permis de jouer extrêmement rapidement cette série de coups !
Evidemment, après 33.Cd7? (33.Cf5! laissait encore une position bien nébuleuse) il y a ce petit regret de ne pas avoir vu 33…Ce3!, qui était un coup très joli (34.Txg6+ fxg6 suivi de 35…Tf1 qui gagne en ligne).
Cela dit, il ne lui restait déjà plus que 20 secondes, et moi j’avais 10 minutes ! Je me disais que j’allais pouvoir faire la différence, ce qui a effectivement été le cas grâce à un ou deux coups bien sentis sur la fin.

Les joueurs ont eu droit à un maillot croate floqué à leur nom (Photo : Grand Chess Tour).

Juste après pour la deuxième ronde, Saric avec les noirs m’a concocté une petite surprise avec la Rauzer. Bizarrement, je me suis plutôt bien souvenu de mes lignes ! Et j’ai pu proposer dans la foulée un sacrifice de qualité thématique qui me semblait donner pas mal de jeu.

J’ai trouvé un peu étrange de sa part de ne pas avoir pris en a3 plus tôt. Mais ici, je pensais que c’était vraiment le moment de jouer 23…bxa3 24.Cf5 Tg8 25.Cd6 Ta7 par exemple, et après 26.Dxa3, j’ai des compensations, mais c’est probablement proche de la nulle. Après 23…Tg8 24.Df3, il était maintenant obligé de trouver des coups difficiles, comme 24…Df8 ou l’improbable 24…f5! pour rester dans la partie, ce qu’il n’est pas parvenu à faire. Après 24…Dd8? 25.axb4 Tb8 26.Td1 De7?! (26…Df8 27.Dxf6+ Dg7 était moins pire) 27.Cf5 j’ai gagné beaucoup de tempi sur les pièces noires et obtenu un très net avantage.

J’avais toujours les idées avec h4-h5 en tête, notamment ici 29.h4 Dxb4 30.h5 Th6? 31.Cf5! Dxc5+ 32.Rh2 Df8 33.Td7 et la façon dont les noirs sont ligotés est très photogénique ! Mais il y a dans cette variante 30…Tg7! 31.Dxf6 Dxc5 32.h6 Dxe3+ 33.Rh1 Dg5 qui sauve les meubles, et c’est la raison pour laquelle j’ai joué 29.Cd5 ; évidemment avec un tel Cavalier, je savais que ça allait bien se passer 😊.

J’ai mis longtemps à voir le gain car si j’ai vite vu la position après 36.Rf2! Txc5 37.Txc5 Dxc5 38.Dd7, pendant un long moment j’ai eu l’impression que 38…f5 faisait nulle. Jusqu’à ce que je m’aperçoive que le très joli 39.Dd8+ Rg7 40.Re2! déclouait le Cavalier, renouvelait les menaces de mat, et laissait les noirs sans défense ! (mais surtout pas 40.Dg5+? Tg6! 41.hxg6 f4 qui fait nulle).

Minute de silence en hommage à la maman de Magnus Carlsen, au début de la deuxième journée (Photo : Grand Chess Tour).
Minute de silence en hommage à la maman de Magnus Carlsen, au début de la deuxième journée (Photo : Grand Chess Tour).

Je suis donc arrivé le deuxième jour avec un score de 2.5/3, de bonnes certitudes et là… patatras !
Contre Gukesh avec les blancs, dans une partie extrêmement bien menée pendant assez longtemps, avec un avantage au temps et une position qui semblait complètement écrasante, je n’ai pas réussi à concrétiser. Non seulement j’ai dilapidé mon avantage mais de surcroît, j’ai gaffé et me suis fait mater trivialement !

L’avantage s’était déjà envolé et il fallait se contenter ici de 43.Tf1. A la place, malgré mes 2 minutes contre une poignée de secondes, j’ai joué le terrible 43.Th1??. Pour la petite histoire, j’avais calculé de très loin 43…Dg4? 44.Txh6+ gxh6 45.Dd7 qui gagnait pour les blancs. Mais 43…Df3+ a été une sacrée douche froide ! Inévitablement, ce choc a un peu impacté les parties suivantes, dans lesquelles je n’ai pas vraiment réussi à me remettre dans le bain.

Le Premier Ministre croate, Andrej Plenkovic, déambule entre les échiquiers (Photo : Grand Chess Tour).
Le Premier Ministre croate, Andrej Plenkovic, déambule entre les échiquiers (Photo : Grand Chess Tour).

Sur les deux dernières journées de Rapide, j’ai joué à un niveau beaucoup plus inégal que sur la première journée. J’ai toutefois réalisé quelques petites prouesses en défense pour sauver pas mal de demi-points. Et j’ai quand même une bonne partie avec les blancs contre Vidit à mettre à mon actif ; pour l’anecdote, sur une vieille ligne que j’avais déjà jouée il y a 12 ans contre Étienne Bacrot ! (1.c4 e6 2.e4 d5). Je savais que la ligne ne promettait pas d’avantage, mais qu’elle était un peu plus agréable à jouer pour moi et qu’il était facile de se tromper. Et c’est ce qui s’est passé !

Les noirs n’ont pas été assez précis dans l’ouverture, j’ai déjà réussi à mettre toutes mes pièces sur les bonnes cases et les blancs sont nettement mieux après 18.c4!. Cette fois, la phase de concrétisation s’est bien déroulée après 18…Cxd2 19.cxd5 Cxb3 20.Dxb3. Il ne peut pas faire grand-chose, parfois il y a des d6, parfois il y a des dxc6, des Cxf7…. En plus, il a dû réfléchir longtemps car c’était vraiment dur à jouer pour les noirs. Vidit a aggravé son cas avec la séquence 20…Fg6?! 21.Te3! Tb8, et la conclusion tactique était assez sympa, 22.dxc6 bxc6 23.Cxc6! ; les blancs restent avec le pion passé central en plus et le gain n’est plus qu’une affaire de technique.

J’ai fini le tournoi Rapide avec 5/9, en embuscade avant les deux journées de blitz.

Zagreb Blitz

Mon tournoi de blitz a été bon, voire très bon, avec 6.5/9 chaque jour. Sur le contenu, j’ai eu quelques parties de très bonne facture et je n’ai qu’un petit regret : mes deux parties contre Nepo qui sont d’ailleurs mes deux seules défaites de ces 18 rondes…

Maxime s’incline face à Nepo… (Photo : Grand Chess Tour).
Maxime s’incline face à Nepo… (Photo : Grand Chess Tour).

Cependant, l y a un toujours des choses à améliorer, et je déplore les quelques gaffes ou oublis, même si je sais que c’est inévitable, notamment en avançant en âge 😊. J’ai compensé quand même avec un jeu beaucoup plus énergique dans de nombreuses parties…

Dans l’ensemble, je suis satisfait de cette prestation et de ma 2e place ex-aequo à Zagreb. Fabiano (Caruana) a été inarrêtable du début à la fin, il mérite entièrement sa victoire. Ma dernière chance de rivaliser, c’était dans la dernière ronde du Rapide contre lui, mais j’ai été inexistant dans cette partie, ce qui lui a permis de s’envoler encore un peu plus.
Bravo à lui ! En plus, il avait remporté Bucarest juste avant, donc il continue sa domination totale sur les étapes du Grand Chess Tour. Il nous laisse les miettes, mais je vais essayer à Saint-Louis d’en avoir un petit peu plus 😊.

Classement GCT avant les Usa - Gukesh et Giri ont disputé un tournoi de plus (Image : www.chess.com).
Classement GCT avant les Usa – Gukesh et Giri ont disputé un tournoi de plus (Image : www.chess.com).

CHAMPIONS CHESS TOUR, CrunchLabs Masters

Au retour de Zagreb, j’ai eu 3 jours de répit avant d’enchaîner sur le troisième tournoi du Champions Chess Tour 2024, où je jouais en Division 1 suite à ma victoire en Division 2 en mai. Le plateau de départ était vraiment somptueux, avec Carlsen, Caruana, Nepo, Firouzja, So, Duda, Andreikin et moi-même !

Dans mon premier match contre Andreikin, c’est la 3e partie qui a été décisive. J’ai décidé d’éviter la Sicilienne Kalashnikov de la première partie, qui s’était mal passée pour moi (perdue avec les blancs). J’ai choisi la ligne 1.e4 c5 2.Cf3 Cc6 3.Cc3, un peu plus positionnelle et où je connaissais un certain nombre de détails, côté blanc comme côté noir.

Le moment-clé, c’est quand il a décidé de roquer du grand côté, ce qui m’a énormément surpris parce que c’est très facile pour moi de créer une initiative à l’aile-Dame. Même si ses pièces sont au centre, à cause du pion d6 et du blocage sur la colonne d, elles ne peuvent pas facilement revenir en défense. Après 15…0-0-0 16.b4, il ne peut pas vraiment ouvrir, d’où 16…Dg4 17.Tb1 (mais pas tout de suite 17.Db2? h4! et les noirs sont plus rapides) 17…e4 et maintenant 18.Db2!. L’attaque est trop forte même si je n’ai pas forcément été très clean dans la réalisation.

J’ai également remporté la 4e partie, et à la suite de cette victoire 2.5-1.5 contre Andreikin, j’ai rencontré Carlsen en demi-finale.
Après avoir perdu la première partie, j’ai immédiatement égalisé grâce à une prestation qui m’a valu le prix de la « meilleure partie du tournoi » ! J’ai joué un anti-Marshall, même si je savais que Magnus excelle dans ce type de position. C’est vrai que c’est très dur de le battre dans cette ouverture. C’est son ancien secondant Laurent Fressinet qui m’a donné récemment cette stat ; en partie classique, Carlsen n’a pas perdu d’Espagnole avec les noirs depuis juin 2015, contre Anand !

Ici, je pense avoir pris un léger ascendant avec l’énergique 20.d4! Ff8 (20…cxd4 21.cxd4 Cxd4 22.C3xd4 exd4 23.Ff4 avec l’idée 24.e5 ou 24.Dxd4) et là, j’ai dû choisir entre 21.d5 et 21.dxc5. J’ai décidé d’avoir l’avantage au centre à long terme plutôt que l’avantage d’espace. J’ai estimé en effet que je serais tout le temps au moins un peu mieux après l’échange ; c’était donc une décision pratique, d’autant qu’il n’avait déjà plus énormément de temps, 4 minutes 30. Dans ces situations, c’est bien d’avoir la pression à long terme.

Le moment critique ! Ici, je regardais 26…f5 27.Df3 f4 quand il m’a joué 26…Dc8?, coup auquel je ne m’attendais pas spécialement, et qui aurait été excellent sans ma réponse ! Après 27.Dxc8 Cxc8 (sinon fourchette en b6), la manœuvre 28.Fd8! Cc6 29.Fc7 Tb7 30.Cc4 m’a tout de suite tapé dans l’œil. J’ai un contrôle complet de l’aile-Dame, que je n’ai pas forcément optimisé dans les coups suivants d’ailleurs. Clairement, j’aurais dû ! Je sentais que j’aurais dû taper plus fort, mais j’avais en même temps cette intuition plus conservatrice qui me disait de ne pas chercher à forcer la décision, mais plutôt d’utiliser le fait que son retard au temps était un vrai problème.

Mais c’était un peu risqué et j’ai failli le payer parce qu’ici, s’il avait joué 41…g6! suivi de 42…Fh6, je n’étais plus du tout sûr de pouvoir passer ! Heureusement, il a préféré 41…Td7?, anticipant peut-être 42.Rd2. Sauf que maintenant, avec le Cd6 cloué, j’ai pu enclencher les grands moyens par 42.f4! exf4 43.gxf4 Tb7? (43…g6 était le seul coup pour ne pas sombrer tout de suite) 44.f5+ Rf7 45.e5! et la position noire s’écroule.

Après deux autres nulles, j’ai réussi à gagner l’Armaggedon, un exercice dans lequel Magnus a pourtant des statistiques époustouflantes !

Le regard fixe et concentré (Photo : Grand Chess Tour).
Le regard fixe et concentré (Photo : Grand Chess Tour).

Dans la finale franco-française contre Alireza (Firouzja), je ressors la première partie du match…
Je ne m’attendais pas forcément à 6.Tg1 contre ma Najdorf, mais j’avais regardé un peu cette ligne récemment, notamment suite à ma partie contre Jordan Van Foreest au Top 16 ; je voulais trouver des alternatives pour surprendre. Ça a été le cas d’ailleurs, même si je n’ai pas forcément très bien négocié le début de partie parce que c’est dur d’avoir en mémoire tous les détails ! Après 6…g6 7.g4 Fg7 8.Fe2,

Je me souvenais avoir prévu cette idée nouvelle 8…h5, mais pendant la partie, j’ai commencé à prendre peur en voyant la variante « marrante » 9.gxh5 Cxh5 10.Fxh5 Txh5? 11.Dxh5! gxh5 12.Txg7 ; je sentais que ça pouvait très mal tourner… Heureusement, j’ai réalisé qu’il y avait 10…Fxd4! 11.Dxd4 Txh5 qui stabilisait à peu près la position. Du coup, Alireza m’a énormément surpris en jouant 10.h3?.
Et là, j’ai réagi trop vite. Après 10…hxg4 11.hxg4, j’ai joué le coup naturel dans cette position, 11…Cc6?. Evidemment, quelques secondes après, ça m’a sauté aux yeux ; mais qu’est-ce qu’il aurait fait sur 11…Cxg4! ? 12.Fxg4 Fxg4 13.Dxg4 Fxd4 ou 13.Txg4 Th1+. J’ai à peine eu le temps de me dire « quel imbécile d’avoir raté ça ! » qu’Alireza a joué 12.Fe3?. J’ai compris que 12…Cxg4? 13.Fxg4 Fxg4 14.Cxc6 ne marchait plus, mais j’ai rapidement pensé à 12…Fxg4!. J’ai calculé et j’ai tout vérifié parce qu’il y a pas mal de variantes. Notamment 13.Fxg4 Cxg4 14.Dxg4 Cxd4 15.0-0-0 Cc6 16.Cd5, qui était d’ailleurs la meilleure option pour les blancs. Ils donnent un pion et il fallait que je sois sûr que les compensations ne soient pas trop importantes, ce qui n’était pas le cas. Mais Alireza, en dépit d’une longue réflexion, avait complètement raté cette idée. Il a donc joué 13.Cxc6 qui m’a semblé être une mauvaise décision pratique puisqu’après 13…Fxe2 14.Cxd8 Fxd1 15.Cxf7 Rxf7 16.Txd1, la finale paraît extrêmement agréable à jouer pour les noirs. J’ai continué par 16…Cd7?! car je ne voulais pas laisser 16…Tac8 17.e5!? dxe5 18.Rd2 et 19.Rc1, mais l’ordinateur n’est pas d’accord !

Ici, il a définitivement lâché prise après 28.Cb2? Th8 29.Tf1 Th2+ 30.Rd1 g5! 31.Cd3 Cxd3 32.Txd3 g4 0-1. La machine indique que les blancs auraient pu se défendre en empêchant la pénétration sur la colonne h au prix d’un pion, par 28.Cf2! Tcf8 29.Th1 Txf3 30.Txf3 Txf3 31.Cd3, puis en défendant la finale de Tours avec les pions e noirs doublés. D’un point de vue humain, je pense que c’est introuvable, et de toute façon indéfendable dans ce format-là, même si c’est 0,00 !

J’ai finalement remporté ce match 2.5-0.5, puis j’ai attendu de voir qui émergerait du Tableau des perdants. Et c’est Alireza qui s’est à nouveau présenté à moi, après avoir éliminé Nepo, qui avait lui-même disposé de Carlsen.

Une Grande Finale en bleu-blanc-rouge ! (Image : www.chess.com).
Une Grande Finale en bleu-blanc-rouge ! (Image : www.chess.com).

Dans cette Grande Finale, j’avais encore deux vies, et Alireza devait remporter deux matches pour s’imposer. Mais il n’y en eut finalement qu’un, après 4 parties nulles tumultueuses et un Armageddon encore plus tendu que j’ai fini par remporter avec les blancs, et que voici !

J’avais cette position issue de la finale Berlinoise dans mes fichiers, et le bon coup est ici 19.f4!. Il est vrai qu’à une époque, on considérait que les blancs ne devaient pas s’aventurer dans les structures après 19…gxf3 20.Cxf3. Mais on a évolué et ces dernières années, on a compris que c’était non seulement complètement jouable, mais même assez dangereux pour les noirs ! Par exemple, j’avais joué ce type de position contre Grischuk aux Candidats 2020. Et si les noirs ne prennent pas en passant, comme Alireza, l’idée est évidemment de prendre l’espace et d’avoir toujours en ligne de mire de placer f5. Après 19…Cf5 20.Cf1 Ta6 (le meilleur ; 20…Cxh4 21.Cg3! avec l’idée 22.Ce3 et f5, et si 21…Cf5? 22.Cxf5 Fxf5 23.e6! perd du matériel) 21.g3 (21.Rf2 était plus précis) 21…Cd4 22.Cd2 c6 23.Ce3, je pense qu’il pouvait égaliser en jouant simplement 23…Fe7 et 24…Td8 (au lieu de 23…Tb6?!).

Dans cette position où j’ai repris la main après 2 coups imprécis de sa part, j’ai fait un peu la même erreur que dans ma partie primée contre Magnus 😊. J’ai voulu utiliser le fait qu’il était mal au temps pour garder la tension et conserver les pièces, surtout qu’on était en Armageddon sans incrément ! Et j’ai donc choisi 28.Cc2?. Or, c’est un coup assez ridicule parce que j’aurais pu tout simplement prendre en f5 et par exemple, ramener mon Roi en e3 puis les Tours sur la colonne d. Il sera obligé de perdre du temps avec ses Tours et à un moment ou à un autre, je réussirai à pénétrer à l’aile-Roi via un Cd6 au bon moment. En plus, il y a sans doute encore plus précis que 28.Cxf5 ; je peux aussi attendre qu’il échange de lui-même en e3, par exemple avec le petit coup 28.Tb2, et gagner encore du temps comme ça. Mais en tout cas, 28.Cc2?, c’était un coup complètement à côté ; que j’aurais pu payer cher puisqu’il est parvenu à liquider dans une finale objectivement défendable.

Ici, je savais qu’en cas de 36…Td8? 37.Txd8 Rxd8 38.Re4 Re7 39.f5 suivi de Rf4-g5, malgré les Fous de couleurs opposées, les noirs étaient probablement perdants. En tout cas, c’est ce que je pensais pendant la partie. Après 36…Te8, j’ai procédé par élimination. Il menace 37…f5! et ça ressemble beaucoup à une forteresse, donc surtout pas 37.Re4?. Ce qui ne me laisse pas vraiment d’autre choix que de jouer 37.f5 moi-même ! Je sentais bien que ce ne serait sans doute pas suffisant objectivement, mais au moins, je pouvais poser des problèmes à chaque coup après 37…Fxf5 38.Rf4. Est-ce que je dois consolider par 38…Fg6 ou contre-attaquer l’aile-Dame par 38…Fc2 ? Il se trouve que les deux sont ok, et il a choisi la seconde option. Mais il ne lui restait plus que 1’41” (contre plus de 4′ pour moi !). Et après 39.Tf6, nouveau dilemme : 39…Fxb3 ou 39…Te7, le coup finalement choisi. Et à nouveau après 40.Rg5 Fxb3 41.Rxh5, est-ce qu’il faut prendre a4 ou c4 ? Autant de décisions difficiles, donc chronophages !

Il lui restait plus désormais que 53 secondes (je rappelle, sans incrément 😊), et la tâche n’était plus surmontable, même si la machine montre qu’après le seul coup 48…Tg8!, les noirs conservent d’excellentes chances de nulle. La raison, c’est que si 49.h6 Tg4+! 50.Rf3 Tg8, les blancs ne peuvent pas jouer 51.h7? Th8 52.Th6, car les noirs ont maintenant 52…Ff5 puisque le Roi blanc n’est plus en f4 ! Dans la partie, Alireza a joué 48…c5? 49.h6 Th8 50.Fxc5 Rc6 51.Fd6 Rd5 52.g4 Ta8 53.h7 Th8 54.Th6 Rc4 (plus que 13” mais c’est désormais aussi désespéré sur l’échiquier qu’à la pendule !) 55.Rg5 Rb3 56.Rf6 Fxg4 57.Rg7 1-0.

Le tableau complet du Crunchlabs Masters (Image : www.chess.com).
Le tableau complet du Crunchlabs Masters (Image : www.chess.com).

Ravi de remporter ce 3e tournoi du Champions Chess Tour ! Je rejouerai donc en Division 1 pour le dernier tournoi en septembre, et je suis d’ores assuré d’être parmi les 8 qui iront disputer la finale en présentiel au mois de décembre.

En route directe pour la finale de décembre ! (Image : www.chess.com).
En route directe pour la finale de décembre ! (Image : www.chess.com).

En attendant, place au Speed Chess avec un premier match le 31 juillet face à Hans Niemann, et la perspective de la phase finale en présentiel en septembre à Paris !
A partir du 12 août, je serai aux Usa pour la tournée américaine, Rapid & Blitz de Saint-Louis puis la Sinquefield Cup ! Les deux tournois vont s’enchaîner, avec pour moi l’objectif de finir dans les 3 premiers du circuit et de me qualifier pour l’année prochaine.
J’espère continuer à montrer ce niveau de jeu du début de l’été, qui a permis de répondre aux doutes qui étaient légitimement émis depuis un ou deux ans. Je suis encore capable de hausser mon niveau, et de manière assez constante.
A confirmer quand même…

Classement du Champions Chess Tour avant la dernière épreuve (Image : www.chess.com).
Classement du Champions Chess Tour avant la dernière épreuve (Image : www.chess.com).

Les parties de Maxime à Bucarest :

Les parties rapides de Maxime à Zagreb :

Les parties blitz de Maxime à Zagreb :

Les parties de Maxime au Crunchlabs Master :

Il y a quelques semaines, Maxime a enregistré un très long entretien pour le podcast de César Mourot. L’occasion d’aller vraiment en profondeur sur un certain nombre de sujets, puisque l’échange dure plus de 2h ! Pour ceux qui n’ont pas le temps, un sommaire thématique très fin permet d’aller directement vers les sujets qui les intéressent plus particulièrement.

Une D2 de très haut vol !

MVL Champion

Après plus d’un mois sans aucune compétition, j’ai participé au deuxième tournoi du Champions Chess Tour en ligne, du 8 au 14 mai. La formule est un peu complexe puisque après un tour préliminaire en forme d’open (le « Play In »), les meilleurs ont accès à un deuxième jour qui est consacré au « Placement en Division » permettant de répartir les joueurs en D1, D2, D3. Ensuite, chaque Division se dispute sur des confrontations directes, avec cependant ce nouveau principe d’un Tableau des Vainqueurs et d’un tableau des Perdants autorisant tous les joueurs à avoir une seconde vie.

J’ai bien joué dans le Play In, terminant juste derrière Caruana, mais j’ai complètement raté le Placement en Division, et j’ai dû me contenter de disputer la Division 2. Cela dit, avec la présence de joueurs comme Caruana, So, Aronian, Dominguez, pour ne citer qu’eux, celle-ci avait fière allure !

Je suis d’autant plus satisfait d’avoir remporté cette Division, après avoir battu successivement Van Foreest, Martinez, Dubov, Oparin et So, qu’elle m’offre une qualification directe pour la Division 1 du troisième et avant-dernier tournoi, en juillet.

Tout au long de ces huit journées, j’ai disputé de nombreuses parties à rallonge, et je vais en profiter pour revenir sur un certain nombre de position de finales intéressantes.

MVL-Vokhidov, Play-In Ronde 4 : 1/2

Dans une partie du tour préliminaire où j’ai dû donner ma Dame pour survivre, j’ai tout de même réussi à établir une forteresse.

Après 67...De4+

Ici, mon adversaire vient de donner échec en e4 ; pris de panique et en manque de temps, j’ai répondu 68.Rh2??. Le problème de ce coup est qu’après 68…Rg4, je ne peux plus jouer 69.Tf4+? Dxf4! 70.gxf4 Rxh4 71.f5 gxf5 puisque le Roi noir prend l’opposition ! Le seul coup était donc 68.Rg1! qui est un peu paradoxal car ça laisse faire 68…Rg4, mais maintenant il y aurait 69.Tf4+ Dxf4 70.gxf4 Rxh4 71.f5 gxf5 72.Rf2 récupérant l’opposition. Et sinon, au prochain coup je vais pouvoir rejouer Tf4 et conserver la forteresse, sachant que si les noirs jouent à un moment …g5, hxg5 Rxg5, avec la Tour en f4 et le pion en g3, c’est une position de nulle très connue, même si c’est un peu moins facile qu’avec le pion en g2 et la Tour en f3.

Dans la partie, mon adversaire a raté le gain par la suite et m’a laissé repartir avec le demi-point.

Van Foreest-MVL, 1/8e finale 2e partie : 1-0

J’avais gagné la 1re partie. J’avais envie d’assommer le match et par moments, j’ai pris des décisions un peu trop hasardeuses. Je voulais garder de l’activité et ne pas trop échanger, mais j’ai fini par le payer cher dans une finale où j’étais un petit peu moins bien.

Après 54.e6

Tout s’est cristallisé dans cette position. On n’avait plus beaucoup de temps, et la finale est un peu pénible à défendre. J’avais ici le choix entre 54…Rg7 et 54…Rg6. Le coup logique est 54…Rg7 mais j’ai voulu jouer 54…Rg6 pour avoir le Roi qui puisse monter en soutien du pion h. Le problème, c’est que sur 54…Rg6?, il y a le coup que j’ai raté 55.Te3!,qui est en plus très classique. Maintenant, le pion e file à Dame car je ne peux pas ramener le Roi en f8 ; j’ai perdu la partie quelques coups plus tard.

MVL-Van Foreest, 1/8e finale Armaggedon : 1-0

Après 57...c6

Une finale de Cavaliers assez difficile à gagner, où j’ai mis la pression comme j’ai pu, mais dans laquelle Jorden a vraiment très bien défendu jusqu’à ce point. Le nombre de pions est drastiquement réduit, d’autant qu’en plus il va en échanger un de plus en force. Donc il ne me reste virtuellement plus que 2 pions… Mais j’ai trouvé quelques idées, avec d’abord 58.Ce3!? ;il ne peut pas prendre en d5 tout de suite parce qu’il perdrait alors le pion f6, ou la finale de pions. Mais il a encore bien joué : 58…Rd6 59.dxc6 Rxc6.Là, le coup logique serait 60.Rc4 pour jouer b5 évidemment, mais je me suis dit que j’allais plutôt pêcher en eau trouble, en choisissant 60.Re4 Rb5 61.Cd5 Ch3 62.Rf3 Rc4. Ici, j’ai d’abord vérifié 63.Rg2 évidemment, mais 63…Rxd5 63.Rxh3 Rc4 et les noirs sont à temps, au tempo près. Mais il restait un dernier piège que j’avais calculé en amont quand même, pour ne pas lui laisser le temps de comprendre ! 63.Cxf6 et là, 63…Rxb4? perd sur le joli 64.Ch5! enfermant le Cavalier. Jorden a abandonné après 64…Cg1 (64…Rc5 65.Rg2 Cf4+ 66.Cxf4 exf4 67.Rf3 Rd6 68. Rxf4 Re6 69.Rg5 et on gagne l’opposition) 65.Rf2 Ch3+ 66.Rg2 1-0.

Au lieu de prendre le pion b4, 63…Cf4! était le seul coup, mais franchement après 64.Re4, on se dit que le pion b pourra maintenant être défendu (puisque 64…Rxb4? 65.Cd5+), et avec très peu de temps à la pendule, on aurait tendance à s’arrêter là. Or, c’était la ligne correcte pour s’en sortir parce qu’il y a ici 64…Cd3 65.Cd5 Cf2+ 66.Rf3 Cxg4 qui fait nulle !

Le « Villeneuve », la bible francophone des fins de partie, a été très utile à Maxime dans sa formation !
Le « Villeneuve », la bible francophone des fins de partie, a été très utile à Maxime dans sa formation !

Mvl-Dubov, ½ finale 1e partie : 1-0

Après avoir passé l’obstacle Martinez en ¼ de finale dans un match tendu, j’affrontais Dubov.

Après 45...Rd7


J’ai un pion de plus depuis le début de la finale. Mon cavalier vaut largement son Fou et mon Roi est au soutien du pion, mais on sent que c’est proche de la nulle avec tous les pions sur la même aile. J’avais du temps de réflexion mais je voulais le garder pour continuer à mettre la pression ; je pensais qu’ici, ce serait plus utile que de tenter de trouver un gain qui n’existait pas encore 😊. Au début, j’ai regardé 46.Cd4 f4 47.Ce2 pour garder le pion g, mais j’ai vu 47…f3 suivi de 48…Fxg3. J’ai alors pensé à 46.Cg7!? f4 47.Ch5 fxg3 48.fxg3. Là, je me doute que c’est encore nulle, mais il va suivre un plan erroné ; 48…Rd6 49.Rd4 Fa7+ 50.Re4 Ff2 (Dubov a dû croire que j’étais en zugzwang et que je perdrais un pion) 51.Cg7 (je dois dire que je n’avais pas vu cette ressource à l’avance 😊) 51…Fe1? (pas non plus 51…Rd7? 52.Cf5 suivi de 53.Rf4xg4. En fait, les noirs n’ont pas défendu de la façon la plus précise et étaient donc contraints ici de trouver une difficile série de seuls coups. 51…Re7! 52.Cf5+ [52.Rf4 Fxg3+!] 52…Rf6 53.Rf4 [53.d6 Re6 54.Rf4 Fe1! 55.Rxg4 Fd2 zugzwang, est une élégante façon d’annuler] 53…Fb6 seule case ! 54.Rxg4 [54.d6 Re6 55.Rxg4 Ff2 seule case ! 56.Rf4 Fe1 57.g4 Fd2+ 58.Re4 Fc1 59.Rd4 Fa3 et les blancs ne progressent plus. A noter que dans cette ligne, les cinq derniers coups de Fou des noirs sont des coups uniques !] 54…Re5 55.d6 Fd8! avec un zugzwang miroir [56.d7 Re6] très esthétique. Evidemment, tout cela n’est guère trouvable avec quelques poignées de sondes à la pendule) 52.Cf5+ (mon Cavalier protège maintenant g3 et permet aussi de couper le Roi noir du pion d5) 52…Rc5 53.Re5 et gain quelques coups plus tard, le Roi accompagnant le pion d tandis que le Cavalier est allé en h5 pour protéger g3 en n’étant jamais attaqué par le Roi adverse.

Dubov-MVL, ½ finale 2e partie : 1/2

Après 36...Rd7

Une finale de Fous de couleurs opposées où j’étais en très grande difficulté. Heureusement, j’avais finalement réussi à fixer ses pions sur cases blanches en poussant les miens à l’aile-Roi, anticipant un contre-jeu éventuel. Dans ces positions où il y a deux pions passés, si je n’ai pas d’objectif dans son camp, le Roi blanc va forcément s’infiltrer d’une manière ou d’une autre, et un des pions passés s’échappera. Là, tout mon contre-jeu est basé sur le fait que je peux attaquer le pion g2 avec mon Fou, tout en contrôlant la case a6. Cependant, la machine indique que les blancs pouvaient gagner en jouant 37.Re3! avec l’idée 38.f4. Son erreur 37.Rc5? est un moment marrant car après 37…Ff1 38.e6+ Re7 (je ne voulais pas de 38…Rxe6 39.Fd8, mais il s’avère que 39…Rd7! 40.Fxg5 Fxg2 est encore nul), on obtient une position où je ne peux pas prendre le pion g2 parce que le pion a va à Dame. Mais dès que son Roi bouge, soit il prend c6, auquel cas je prends maintenant en g2 et la grande diagonale est ouverte, soit il joue Rb6 et je réponds …c5 ; il va alors devoir prendre en c5 (ou il joue a6, peu importe) et je prends g2 puis f3 et après, j’ai mes propres pions passés à l’aile-Roi, et ça peut vite dégénérer côté blanc. Donc il se retrouve dans une situation où en fait il est forcé d’accepter la nulle par statu quo ; 39.Fc7 f4 40.Fe5 (40.Rb6 c5!) 40…Rxe6 et plus personne ne fait rien.

Dubov-MVL, 1/2 finale 4e partie : 1-0

Une partie de grandes aventures, dans laquelle j’ai subi une grosse pression la plupart du temps, avec au passage quelques gains ratés de sa part. Mais ensuite, grâce à une bonne défense réalisée avec très peu de temps au début de la finale, j’ai évité les gains forcés et j’ai réussi à replacer mes pièces un peu par miracle. Forcément, il y a encore eu quelques erreurs réciproques et à la fin, on s’est retrouvés dans une finale de Tours extrêmement difficile, probablement perdante d’ailleurs. Mais avec seulement 5 secondes pour lui aussi, il l’a mal négociée et nous avons atteint cette position objectivement nulle…

Après 82.Rc6

Au lieu de répéter la position une deuxième fois par 82…Tc4+, je me suis soudainement rappelé que j’avais mes pions g et h et que le plus simple était donc de ramener mon Roi par 82…Rf6?. Après 83.b7 Txb7 84.Rxb7+ Rf5,« je vais supporter l’avance des pions, le Roi blanc est trop loin », me suis-je dit. Sauf que la douche froide, c’est 83.Rc5! et je ne peux pas bouger ma Tour en b1 parce qu’il y a 84.b7 sur échec, puis 85.Tb6. Donc, je suis obligé de sacrifier ma Tour tout de suite par 83…Txb6 84.Txb6+ Rf5 mais maintenant 85.Rd4 et le Roi blanc revient. J’ai encore tenté 85…Rf4 86.Txg6 (86.Rd3 Rf3 87.Tf6+ était encore plus simple) 86…h4 mais 87.Th6 Rg3 88.Re3 h3 89.Tg6+ gagne aussi au temps près, mais c’est tout ce qu’il faut aux échecs !

Dubov-MVL, ½ finale Armaggedon : 1/2

Dans l’Armageddon je me suis encore retrouvé en énorme difficulté dans l’ouverture, la même que dans la 2e partie. Pour l’anecdote, je me suis une nouvelle fois trompé de coup par rapport à mes fichiers 😊, mais après je me suis bien défendu.

Après 35.e6

A la base, mon idée était 35…Tf6?, mais il y a 36.e7 Te6 et par exemple 37.Dd8 ; il y a sans doute 36 gains, mais 37.Dd8 Txd6 38.e8=D Txd8 39.De5 mat est convaincant ! Bref, j’ai compris que je ne pouvais pas jouer 35…Tf6 et je me suis donc replié sur 35…Tg7, avec l’idée que sur 36.e7?, il y a l’improbable 36…Re6!. J’ai pensé qu’il pourrait peut-être tomber dans le panneau, sachant que si les gains blancs existent, ils ne sont pas si faciles non plus. Et c’est exactement ce qui s’est passé 😊. Avec le Roi en e6, tout d’un coup mes pièces contrôlent les cases de sa Dame et dès qu’elle bouge, je peux maintenant prendre en e7 parce qu’il n’y a plus de Fxe7 Dxe7, Dxc6+.

Dubov va quand même bien réagir avec 37.Rg3. Là, j’avais très peur que la finale de pions soit perdante tout de suite donc j’ai pas mal réfléchi, quasiment une minute. J’ai joué 37…h5, qui est un bon coup parce que maintenant sur 38.Rf2, il y a 38…Db6+! (mais pas 38…Db2+? 39.Rg1! Db7 40.Dxg6+! Txg6 41.e8=D+ Rxd6 [41…Rf6 42.Fe5+ Rf5 43.Fd4! et c’est mat quelque part] 42.Dxg6+ Rc5 [42…Rc7 43.Df7+] 43.Dxh5+ avec une finale de Dames gagnante). Après le coup de Dubov 38.a5, j’ai pu jouer 38…Dd7! (et pas 38…Txe7? 39.Dxg6+). La finale de pions après 39.Dd8 Txe7 40.Fxe7 Dxe7 41.Dxe7+ Rxe7 42.Rf2 Re6 tient au temps près parce que sur 43.Re3, malheureusement pour lui, il y a 43…Rf5 44.g3 a6 et ce sont les blancs qui sont en zugzwang. Donc il a joué 43.g4 a6 44.Re3 hxg4 45.hxg4 Rd5 46.Rf2 (46.g5 c5 et pas de zugzwang !) 46…Re6 47.Re2 Rd6 et nulle juste après.

MVL-Oparin, Finale 1e partie : 1/2

Tout vient d’une offrande de ma part puisque j’ai gaffé une pièce dans une bonne position. J’ai quand même réussi à créer quelques problèmes dans cette finale gagnante pour les noirs, jusqu’à la position du diagramme…

Après 55.c6

La réalisation technique n’est pas si facile une fois que mon pion c a avancé. Je croyais donc avoir fait le plus dur, mais en réalité, les noirs avaient ici 55…Fe5! 56.c7 Tb4+! (très important) et je ne peux pas prendre, tandis que sur 57.Ra6 Tc4, le pion tombe.
Mais Oparin a joué 55…Tf1?,le coup a priori logique, qui tend en plus un piège : sur 56.c7 Tb1+ 57.Rc6? Tc1+ 58.Rb6 Txc7! avec la même idée. C’est ce que nous avons tous les deux cru pendant la partie, mais en réalité le « piège » ne fonctionne pas à cause de 57.Ra6! Tc1 58.Td7! (menace 59.Rb7) et les noirs ne parviennent pas à s’extirper sans s’auto-clouer par 58…Rg6 59.Td6+ Ff6 (59…Rf7 60.Td7+) 60.Rb7 et le pion va quand même coûter la Tour. Dans la partie, j’avais vu l’autre issue de secours, 56.Td5. La finale a encore l’air perdante mais après 56…Tb1+ 57.Ra6 Tc1 58.Rb7 Rg6 59.c7 Ff6 60.Td6 Txc7+ 61.Rxc7 f4, j’ai trouvé le seul coup 62.Td5!. Mais je n’avais pas calculé toute la ligne jusqu’au bout. Par la force des choses, je suis obligé de couper son Roi : car s’il joue …Rf5 puis …f3 mon Roi est trop loin. Donc l’idée c’est 62…f3 63.Td3 f2 64.Tf3 qui revient à la suite de la partie, 62…Fxh4 63.Rd6 f3 64.Td3 (surtout pas 64.Re5? Rg5 65.Re4 Rg4 66.Re3 Rg3 67.Re2 Rg2 suivi de …Fg3 et le pion h triomphe) 64…f2 65.Tf3 et j’annule au temps près après 65…Rg5 66.Re5 Rg4 67.Re4 Fg3 68.Re3 Rh3 suivi de 69.Txf2.

MVL-Oparin, Finale 3e partie : 1-0

Une partie plutôt sympa ! J’avais survécu à une attaque effrayante dans la deuxième partie, donc je voulais solidifier un peu mon jeu. Mais mon partenaire à Asnières a choisi de prendre pas mal de risques dans l’approche de cette partie. Au contraire, moi j’ai cherché dès que j’ai pu à garder un petit avantage stable. Je savais que j’avais des coups plus forts par moments, mais qui comportaient forcément une part de risque que je ne voulais pas assumer dans ce contexte précis.

Après 42...Txb5

Evidemment, on se doute que cette finale a des chances d’être nulle sur une défense noire parfaite, mais en pratique, la probabilité de gain n’est pas si faible du tout. Après le simple 43.Td2, je protège b2 et c’est mon Roi qui va se charger de gagner le pion d3 après 43…Rf7 44.Re3 Tb3 45.Rd4 Re6 46.Rc4. Après 46…Tb8, 47.b4! est un coup important, qui gagne beaucoup de temps par rapport à 47.Rxd3?. Je ne savais donc pas si cette finale était gagnante ou pas. Dans mon esprit elle était plutôt nulle, mais la machine indique qu’elle est gagnante ! Réflexion faite, ce n’est pas si surprenant, les noirs n’ont plus beaucoup de temps, mon Roi supporte l’avancée du pion b. Ma Tour pourra aussi se replacer derrière le pion si besoin. Pour moi, dans ce type de situation en partie rapide, l’important n’est pas de savoir si c’est gagnant ou nulle (c’est le contraire en partie longue bien sûr). Ce que je veux, c’est que la défense soit la plus compliquée possible. D’ailleurs, en quelques coups, Oparine a explosé, preuve de la difficulté de la tâche. Après 47…Th8 48.h3 Th4+ 49.Rc3 Rd5 50.Txd3+ Rc6, il a raté 51.Tg3! et maintenant sur 51…g5, il y a 52.Tf3 et sa Tour sera coupée d’une manière ou d’une autre, que ce soit en h6 ou en h7. Il a préféré jouer 51…Rb5 mais 52.Txg7, et il a abandonné puisqu’il n’a aucun moyen de récupérer le pion b4.

Classement du Champions Chess Tour 2024 après deux tournois sur 4 (Image : www.chess.com)
Classement du Champions Chess Tour 2024 après deux tournois sur 4 (Image : www.chess.com).

So-MVL, Grande Finale 1e partie : 0-1

Une partie pas très claire au début, dans laquelle j’ai préféré opter pour une ligne un peu plus solide que d’habitude et surtout, que je ne joue pas d’ordinaire…

Nous avons obtenu une finale au début de laquelle j’avais 5 minutes d’avance à la pendule. D’ailleurs, le fait de jouer rapidement m’a énormément aidé dans de nombreux matches ; certes, ce n’est pas sans risques, mais lorsque vous arrivez dans le money time avec plusieurs minutes d’avance, c’est un gros avantage…

Après 35...d4

Ici, il aurait dû jouer 36.Td8 pour contrôler tout de suite l’avance du pion d. Il s’est dit qu’il allait d’abord jouer 36.Rg2? parce que sur 36…d3, il aurait 37.c6 et comme il n’y a plus 37…Tb1 sur échec, il peut donc prendre en b7. Sauf que j’avais calculé tout ça et que j’ai continué ici par 37…d2!. La première idée, c’est 38.Fxb4 d1=D 39.cxb7 Dd5+! et 40…Dxb7. La deuxième idée, c’est 38.cxb7 d1=D 39.b8=D Tb1 ou 39…Dd5+ et les noirs matent. Le trivial 38…Cd6 gagne aussi, d’ailleurs, mais ça je ne l’avais pas vu 😊.

Du coup, il a joué 38.Td8.Là, j’ai fait une petite erreur, enfin j’ai calculé d’abord 38…Td4 39.Txd4 Cxd4 40.cxb7 d1=D? 41.b8=D et je ne trouvais pas le gain car la Dame protège g3 ! Par exemple 41…Df3+ 42.Rg1 Ce2+ 43.Rf1 et je n’ai plus 43…Cxg3+. Mais tout cela est un peu idiot, car le simple 40…Cc6 arrêtait le pion 😊. Je me suis alors dit que certes, c’était frustrant, mais qu’il fallait donc regarder l’autre coup candidat 38…Cd4. A noter que j’ai mis une minute à jouer 38…Cd4, donc tout ce que je décris est quand même allé assez vite ! 39.Fxb4 (39.c7 perd de la même façon) 39…d1=D 40.c7 Df3+ et là on voit tout de suite 41.Rf1 Dh1 mat ou 41.Rg1 Ce2+ 42.Rf1 Cxg3+ et c’est mat. Sur 41.Rh3, le mat est un peu différent : 41…Dh1+ 42.Rg4 f5+ 43.Rf4 (43.Rg5 Ce6#) 43…De4+ 44.Rg5 et les noirs ont le choix entre trois mats différents ! Dans la partie, il a joué 41.Rh2, et c’est mat aussi après 41…Dxf2+ 42.Rh3 Df1+ 43.Rh2 Cf3#.

Après beaucoup d’aventures dans ce match, notamment un Armageddon très bien maîtrisé par Wesley, j’ai dû m’incliner. Sauf que, ayant gagné le tableau des Vainqueurs, j’avais droit à une vie supplémentaire ! Dans le match Reset, j’ai pu à nouveau frapper avec les Noirs dans une belle Grunfeld.

J’avais donc les blancs dans la deuxième, et à nouveau, une nulle suffisait pour remporter le tournoi…

MVL-So, Grande Finale Reset 2e partie : 1-0

Wesley a choisi la Najdorf et j’ai trouvé les moyens d’échanger un maximum de pièces de la façon dont je souhaitais, c’est-à-dire tout en restant assez actif. C’est comme ça qu’on doit gérer une partie où il faut faire nulle avec les blancs 😊.

Après 37.Ce5

Ici, Wesley à joué 37…Cf5+. Vu la situation du match, sachant qu’une nulle était suffisante, je pouvais jouer 38.Fxf5 exf5 39.Cg6+ puis 40.Cf4. Je pouvais également jouer 38.Rf4 sans échanger en f5, suivi de Cc4-e3 ; je peux un peu tout faire en réalité, mais je me suis forcé à calculer quand même ! Et ce qui accroche tout de suite l’œil, c’est d’échanger en f5 puis 39.Cxc6 bxc6 pour jouer la finale de pions. J’ai mon pion passé en g5, j’ai un 3 contre 2 à l’aile-Dame, et mon Roi contrôle les deux pions passé liés adverses. Donc, on se dit intuitivement que ça doit être bon. Le coup le plus simple et le plus technique pour faire marcher tout ça, c’est 40.b4!, qui permet de contrôler a6 et c6, et les prochains coups seront c4, a4, et b5 ; surtout pas 40.c4? d’ailleurs, qui ne gagne pas à cause de 40…a5!, et la majorité blanche est maîtrisée.

Après 40…Re6, je n’étais pas obligé de commencer par 41.Rf4 mais il n’y a aucune raison d’autoriser 41.a4 Re5 42.c4 f4+, même si ça reste gagnant pour les blancs. Dans la partie, Wesley a abandonné ici, puisque sur 41…Rd5, j’ai le choix entre 42.c3 pour empêcher …Rd4, ou 42.g6 Re6 43.c4 Rf6 44.a4 Rxg6 45.b5 et le Roi noir n’est pas dans le carré.

C’est un peu le principe des deux faiblesses, mais adapté aux finales de pions : le Roi ne peut pas courir après les deux pions en même temps !

Grâce à cette victoire, la prochaine fois en Division 1, je retrouverai Firouzja (brillant vainqueur de la D1) et Carlsen (finaliste), ainsi que 5 autres joueurs qui seront issus des qualifications.

Les parties de Maxime :

Maxime est régulièrement sollicité pour se rendre sur des événements échiquéens, notamment en France, et quand son emploi du temps le permet, il accepte volontiers. Ainsi le 19 mai, il était présent dans les magnifiques salons de la Mairie du XVe arrondissement à Paris, où se déroulait la phase finale du Top Jeunes 2024, compétition phare par équipes des -16 ans. Un rassemblement annuel que Maxime a bien connu quand il était lui-même un de ces Espoirs, et qui est très populaire au sein des échecs français.

Maxime avec les jeunes de son propre club formateur, Créteil (Photo : Ligue IDF des Echecs).
Maxime avec les jeunes de son propre club formateur, Créteil (Photo : Ligue IDF des Echecs).

Rapide lent ou Classique rapide ?

Mvl - Grenke Chess

Le sponsor de mon club allemand de Baden-Baden m’avait envoyé il y a quelques semaines une invitation à un tournoi de prestige que je n’avais aucune raison de décliner !

Je suis donc arrivé à Karlsrühe la veille du tournoi en provenance directe d’Autriche, où j’avais disputé les dernières parties du Championnat d’Autriche par équipes avec mon club de Linz (4.5/5 pour Maxime et un nouveau titre de champion 😊).

Le tournoi Grenke était un « revival » puisque la dernière édition avait eu lieu en 2019. L’édition 2020 était prévue mais avait dû être annulée suite à l’épidémie de Covid. Le sponsor a également fait l’impasse sur les trois années suivantes. C’était cependant pour mieux revenir cette année, avec un festival qui restera dans les annales !

J’ai reçu mon invitation assez tardivement, mais pour du dernière minute, les organisateurs ont vraiment vu les choses en grand, avec près de 2800 joueurs dans les Opens, une vraie performance ! Évidemment, les 6 joueurs du tournoi Classic (Carlsen, Ding, Rapport, Keymer, Fridman et moi-même) avons été très sollicités pour des autographes ou des selfies, notamment parce qu’il y avait beaucoup de jeunes dans les Opens. La présence de Magnus forcément, et celle de Ding Liren également, ont apporté beaucoup de cachet au tournoi.

Sans surprise, tout ceci a généré des retards à chaque ronde. Mais c’était compréhensible et guère gênant en vérité. Et cette gigantesque réunion de joueurs d’échecs a permis de créer toute une ambiance autour du tournoi. C’est impressionnant d’avoir autant de joueurs à un seul et même endroit, et toute une ville qui « respire échecs » pendant une semaine. Je ne vais pas être hypocrite, ce n’est pas forcément hyper facile de jouer dans ces conditions parce qu’inévitablement, il y a du bruit ; mais c’est le revers de la médaille, on ne peut pas avoir en même temps la convivialité et un silence monacal 😊.

J’ajouterai qu’à titre personnel, j’ai pas mal d’amis ou de connaissances qui disputaient les Opens ; ce qui était très agréable dans le sens où ça amenait un peu de lien social auquel je ne suis pas habitué dans les tournois de très haut niveau.

Vue (incomplète !) de la salle de jeu (Photo : Grenke Chess)

Concernant la cadence (45+10), ce tournoi était une sorte de test, même si certains – dont je fais partie – avaient déjà pu la tester au Championnat du Monde par équipes à Jérusalem en 2022. L’idée de base, c’est de pouvoir jouer deux parties par jour. Mais la cadence reste assez rapide tout de même. Autant en partie longue je n’ai jamais de problème de temps, autant ici à Karlsrühe, j’ai parfois fini en zeitnot. Malgré tout, les parties ont été d’assez bonne qualité dans l’ensemble ; sauf peut-être dans les finales, où c’est bien souvent compliqué de jouer précisément, surtout à certains moments critiques (je pense par exemple à ma première partie contre Magnus, sur laquelle je reviendrai ci-dessous).

Pour ma part, j’ai tout de même trouvé dommage de ne pas disputer la double ronde contre le même adversaire en alternant les couleurs, ce qui m’aurait semblé plus logique.

Au final, je dirais que cette cadence de jeu est intéressante, même si c’est évidemment un rythme intense puisqu’il n’y a quasiment pas de pause entre les parties. Certes, on peut choisir de faire une préparation allégée le matin en compensation, mais même comme ça, on brûle de l’énergie. Une autre chose que je regrette un peu, c’est que les organisateurs avaient choisi de négocier un cachet avec les joueurs (ou leurs représentants), et de ne pas octroyer de dotation en prix. Pas de prix, pas de prise en compte pour le Elo de parties longues, il manquait un enjeu, même s’il restait évidemment celui d’ajouter un tournoi à son palmarès ! Mais si tu ne l’emportes pas, 3e ou 5e du tournoi, ce n’est pas pareil mais presque…

Le dernier jour, ce sont des mini-matches qui ont attribué les places définitives (1 vs 2, 3 vs 4, 5 vs 6). J’ai remporté mon match pour la 3e place contre Keymer. Certes, j’avais forcément à cœur de bien faire, mais en vrai, le match pour la 3ème place, ce n’est pas non plus comme une médaille de bronze aux Jeux Olympiques 😊.

Voici un retour sur quelques-unes de mes parties au Grenke Classic :

Mvl-Fridman, Ronde 3 : 0-1

Début de la partie contre Fridman (Photo : Grenke Chess)

Mon ouverture ne s’est pas très bien passée ; je n’étais pas hors prépa, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il maîtrise cette variante de la Française aussi bien. Du coup je n’étais pas sûr de ce que je faisais. A un moment, j’ai quand même décidé de varier un peu par rapport aux plans habituels de ce type de position, notamment lorsque j’ai décidé de reprendre le pion sacrifié dans l’ouverture alors qu’en général, on le laisse « pour la vie ».

Mais ce n’était pas une décision forcément terrible, et juste après, il y a eu le moment critique où il joue 16…Fe7, un coup légèrement imprécis, commencer par 16…h6 aurait été plus sécurisant. Après 17.Fg5, il aurait pu tenter de gagner la pièce par 17…Cb2 mais finalement il a décidé de ne pas le faire parce que ça semblait très dangereux après 18.De2 Dxc3 19.e6 fxe6 20.Tac1 Dxa3 21.Txc8+ Fxc8 22.Fxe7 Rxe7 22.De5. C’est en tout cas ce que j’avais vu et c’est plus ou moins la ligne de l’ordinateur ; il y a tout un tas de possibilités et je trouve ça plutôt effrayant pour les noirs !

J’ai finalement pris l’avantage petit à petit mais ça n’a jamais été facile, même si je pensais que ce le serait dans la position suivante :

Après 40.Cd5! Rf8 (40…Fxd5? 41.d7), mon erreur a été de ne pas jouer 40.Cf6! ; le Roi vient en f4, la Tour coulisse en g1 via a1, et le Roi noir est dans de sales draps tandis que le pion c aura du mal à faire diversion. Malheureusement, j’ai cru qu’avec 40.Tc3? Te2 41.Ce3,je prenais le pion c4, sauf qu’après 41…Ta2, sur 42.Cxc4? il y aurait 42…f4+! 43.Rxf4 Txa4 ou 43.Rh4 Th2 et je me fais mater.

Après ça, j’ai donc dû changer mes plans mais du coup la situation est devenue hors de contrôle. J’ai sans doute encore raté un gain, et la fin de la partie est une succession d’erreurs réciproques jouées avec peu de temps à la pendule, avant que je ne parte complètement en vrille pour craquer le dernier…

Nouveauté théorique à Karlsrühe : sur scène juste avant le lancement d’une ronde, le MI Ilya Schneider fait sa demande en mariage à sa compagne Olga ! (Photo : Grenke Chess)

Carlsen-Mvl, Ronde 4 : ½

Juste après cette défaite horrible, j’enchaînais avec les noirs contre Magnus ! Certes, il n’y a objectivement pas grand-chose à redouter quand Magnus joue 1.e4 c5 2.Cf3 d6 3.Cc3 Cf6 4.Fe2 e5 5.Fc4 😊.On sent qu’on ne va pas forcément être moins bien si on sait à peu près comment réagir, ce que j’ai fait, avec une ouverture plutôt bien maîtrisée.

Ici, j’aurais pu jouer simplement 14…Fe6, mais en fait j’étais parti sur l’idée qu’il fallait que j’essaie de pousser …f5 au plus vite, donc j’ai préféré 14…Rh8 15.Ce3 Dg6. Il a décidé d’empêcher drastiquement …f5 et a poussé 16.g4, sur quoi j’avais calculé que je ramenais mon Cavalier en f4 en commençant par 16…Cd8 mais c’est en fait un peu risqué ; 17.Df3! est bien joué, au moins d’un point de vue pratique, puisque si je joue 17…Ce6, il va échanger en e6 et je ne peux pas reprendre du pion, donc je me retrouve vraiment mal à l’aile-Roi : il continuera simplement Re2, Tag1 et g5, et je ne voulais pas laisser faire ça. Donc, j’ai préféré temporiser, même au prix de l’ouverture de la colonne g par 17…Fd7 18.g5 Ce6 19.gxh6 gxh6. A partir de là, c’est devenu hyper compliqué, avec une position à trois résultats.


Au lieu du normal 23…fxe4, je me suis vu un peu beau et j’ai commencé par 23…c4?, qui est une erreur ; j’aurais dû sentir qu’avec ma Dame en h7, il ne fallait pas trop en demander à la position ! Heureusement, Magnus n’a pas trouvé 24.dxc4 fxe4 25.De3! Tf3 26.Dd2 Cc5 (ce n’est pas forcément évident au premier abord, mais la position noire est trop disharmonieuse après 26…Td3 27.De1!) 26.Cf4! suivi de 27.Dxd6 et la position noire est au bord de l’écroulement.

Dans la partie, j’avais vu la position jusqu’à 24.Fc2?! fxe4 25.Dxe4 Dxe4 26.dxe4 Fe8 27.f4! (sinon, j’attaque f2 et je menace …Td8 suivi de …Cf4 à tout moment). Après 27…Fh5 (j’ai passé beaucoup de temps sur ce coup car je pensais qu’il voulait peut être jouer 28.f5 et je souhaitais vérifier que ça allait pour moi, ce qui est le cas après 28…Fxd1 29.Txd1 Cf4 ou 29.fxe6 Fxc2 30.Rxc2 Tf2+ 31.Rc1 Tg8!) 28.Td2 exf4? (28…Cxf4 29.Cxf4 Txf4 30.Txd6 Rh7 =)

Je savais que je parais 29.Ce7 (menaçant 30.Cg6+) à cause de 29…f3, mais en prenant en f4, j’ai réalisé que je laissais 29.Cc7!.

Et là, c’est la douche froide ! J’ai hésité à abandonner, mais j’ai vu que j’avais encore 29…Tg8 (la ligne forcée 29…Cxc7 30.Txd6 Tf7 [30…Rh7 31.e5+] 31.e5 Tg7 32.Txh6+ Rg8 33.Txg7+ Rxg7 34.Txh5 laisse une finale facilement gagnante aux blancs) 30.Txg8+ Rxg8 31.Cxe6 Tg1+ 32.Fd1 Tf1 (mais pas 32…f3? 33.Tf2) et mon pion f me laisse encore de vagues chances pratiques. Et c’est précisément ce qui s’est passé (certes avec un petit peu d’aide 😊). 33.Txd6 f3 34.Cf4

Ici, Magnus a paniqué, et a réfléchi pendant quasiment ses 2 minutes restantes. Il pensait que 34…Fg4 était impossible à cause de 35.Txh6+ Rg7 37.Tg6+ Rh7 38.Txg4, mais après 38…f2, aucune de ses pièces ne peut se sacrifier sur le pion f, qui va à Dame ; la position reste quand même nulle après 38.Cd5 Txd1+ 39.Rxd1 f1=D+ 40.Rc2, grâce à l’échec en f6. Cherchant le gain et ne le trouvant pas, il s’est replié sur 35.Cg6+? qui ne suffit pas. Pourtant, il avait deux façons de l’emporter. Une première, radicale, 35.Ch5! f2 (35…Fxh5 36.Txh6+ Rg7 37.Txh5 f2 38.Tf5 +-) 36.Td8+ Rh7 37.Cf6+ et 38.Cxg4. L’autre façon, plus lente, était de commencer par 35.Rc2 avant de donner l’échec en g6. Si 35…f2, maintenant 36.Cg6+ Rg7 37.Fxg4 Tc1+ 38.Rxc1 f1=D+ 39.Td1 suivi de 40.Ff5! ; tout est protégé et les blancs vont s’imposer.

Dans la partie, Magnus a été contraint de rendre la pièce et de se contenter d’une finale de Tours égale après 35…Rg7 36.Rc2 h5 37.Ce5 f2 38.Tg6+ Rh7 39.Tf6 Fxd1+ 40.Rd2 Fg4 41.Re3 Te1+ 42.Rxf2 Txe4 43.Cxg4 Txg4.

Malgré tout, j’aurais très bien pu perdre cette finale, car je me la suis rendue difficile en n’activant pas mon Roi quand c’était possible. Même à la fin, il pouvait encore me poser des problèmes…

Ok, c’est nulle avec les pions a et c. Tout le monde sait ça, mais la défendre en pratique avec seulement les 10 secondes d’incrément, c’est une autre histoire !

Au lieu de 68.Tf6, qui me permet d’annuler en force par 68…Ta5 gagnant un des deux pions, Magnus aurait pu tenter 68.Td6. Au début, j’avais raté que sur 68…Ta5 il y a maintenant 69.a7! qui gagne car 70.Td8 est imparable, et si 69…Txa7 70.Td7+. Mais ensuite j’ai compris quand il réfléchissait (il a quand même mis une minute pour jouer 68.Tf6) que j’avais la ressource 68…Te1+. Mais après 69.Te6, il aurait encore fallu éviter 69…Ta1? 70.Re8! et les blancs gagnent parce qu’ils laissent la case e7 à la Tour et menacent donc 71.a7. Par conséquent, le seul coup aurait été 69…Td1!, anticipant 70.a7 Rb7 ou 70.Re8 Td8+. C’était quand même limite – limite !

Maxime aux couleurs de son club allemand (Photo : Grenke Chess)

Mvl-Rapport, Ronde 5 : 1-0

Au début, je pensais que cette Française Winawer se passait plutôt bien, mais j’ai été imprécis dans mon positionnement de pièces parce que je dois dire qu’après 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cc3 Fb4 4.e5 c5 5.a3 Fxc3+ 6.bxc3 Ce7 7.Dg4 Dc7 8.Fd3, je ne me rappelais plus du tout de cette sous-variante 8…Da5!? 9.Fd2 c4. C’est plutôt intelligent, on obtient des positions que Richard aime bien, d’un genre que j’ai déjà eues contre lui et où ça ne s’est pas toujours bien passé pour moi.

Quelques jours plus tard, Magnus a montré face au même adversaire ce qu’il fallait faire : 10.Fe2 Tg8 11.a4 Cbc6, comme j’ai joué, est correct, mais maintenant 12.Dh3! h6 13.Fh5 Fd7 14.Ce2. Moi, j’ai joué un peu automatiquement 12.Cf3 Fd7 13.0-0 h6 14.Tfb1 et je me disais que j’allais être un petit peu mieux mais je me suis rapidement aperçu que ce ne serait pas le cas parce que les noirs sont très rapides à jouer …f6 ou …g5.

C’est donc pour ça qu’après 14…0-0-0, j’ai opté pour 15.Tb5 Dc7 16.Df4 et avec la Dame en c7, 16…f6 17.exf6 permettrait un échange des Dames qui me serait favorable. Et sur 16…Tdf8 17.h4! m’aurait permis de contrôler ce qui se passe à l’aile-Roi. En outre, dans cette position, je menace à tout moment la manœuvre thématique Fc1-a3.

Sauf que Richard a choisi une autre voie en sacrifiant un pion par 16…g5!, ce que j’avais vu, mais peut-être sous-estimé. Certes, il ne peut pas m’enfermer la Dame après 17.Dxf7 Cg6 18.Dh7. 17…Tdf8 ne me semblait pas problématique non plus après 18.Dh5 g4 19.Ch4 Fe8 20.Dxh6 Th8 car j’envisageais de donner la pièce par 21.Dxe6+ Fd7 22.Dd6 avec sans doute une belle compensation. Mais en fait il a simplement joué 17…Cf5 18.g4 Tdf8 (sur 18…Cg7 19.Df6, ma Dame ressortira toujours) 19.Dh5 Fe8 20.Dh3. Je pensais que le plus dur était passé, que j’avais un pion de plus et que ma position restait assez solide. L’ordinateur n’est pas du tout impressionné et préfère même les noirs après 20…Dg7, un coup un peu lunaire, avec l’idée de ramener ensuite le Cf5 en g6 via e7.

Richard a joué le plus humain 20…h5, un coup permettant d’avoir des compensations à long terme, et auquel je m’attendais. Pensant être beaucoup mieux que ce qu’il en était en réalité, j’ai voulu solidifier ma position alors qu’il aurait fallu essayer d’obtenir quelque chose à l’aile-Dame. Après pas mal de manœuvres, et notamment mon transfert précipité du Roi vers l’aile-Dame, nous avons obtenu la position suivante :

J’ai réfléchi assez longtemps, et j’ai tendu un piège sympathique, puisqu’ici 38…Ce3 est très tentant, mais perd ! 39.Fb4! Cxb4 40.cxb4 Db6 41.Dxe3 Dxb4 42.Fc2 Dc3 43.Ta2 +-. Mais 38…b5! est arrivé un peu comme un coup de massue. Sur 39.axb5 je ne craignais pas 39…Dxb5 40.Db2, mais je me suis aperçu que 39…Tb8 était fort (40.bxc6? Dxa3+!) ;il faut le dire, Richard est toujours assez créatif dans ces moments-là ! Cependant, après quelques minutes de réflexion, j’ai trouvé la solution 40.Fb2 Dxb5 41.Fa4 Db7 (ou 41…Db6, je n’étais pas sûr) 42.Rd1! (mon Roi repart dans l’autre sens !). L’idée, c’était 42…Ca5 43.Fa3 et il me semblait que je m’en sortais pas mal ; 43…Cb3 44.Fxb3 Dxb3+ 45.Re1 suivi de 46.Rf2 et tout à l’air sous contrôle. Sur 43…Da6! qui est en fait le meilleur coup, je pensais jouer 44.Fc5, car si 44…Cb3? j’ai 45.Fc6+!, mais la machine indique 44…Tg7! qui menace à nouveau 45…Cb3 puisque a7 est protégé ; ça menace aussi 45…Tgb7 et dans tous les cas, la position blanche s’avère extrêmement périlleuse.

Ouf, il a joué le spectaculaire mais erroné 43…Dh7?, ce qui m’a tout de même causé un choc pendant une dizaine de secondes! Effectivement, mon Roi ne peut plus se réfugier à l’aile-Roi, mais il y a un antidote ! 44.Fb4! etje vais pouvoir à nouveau ramener le Roi à l’aile-Dame ; quel zigzag royal ! Après 44…Dh5+ 45.Rc1 Txb4 (forcé, la Dame noire est maintenant trop loin de son propre Roi, et si 45…Cb7? 46.Fd1 ou 46.Fc6 suivi de 47.Da2 est terminal) 46.cxb4 Cxd4, j’ai calculé une variante complètement folle ! 47.bxa5 Ce2+ 48.Rb2 c3+ 49.Dxc3 Cxc3 50.Rxc3 Ff5? 51.Tab1! Fxb1 52.Txb1, les noirs n’ont pas d’échec, je menace mat, et si 52…a6 53.Fc6+ Ra7 54.Tb7+ Ra8 55.Th7+ ; mais je me suis dit que ça n’allait pas marcher et effectivement il y a 50…Txg5!, voire 50…De2. J’ai donc préféré jouer 47.Rb2 et sur 47…Ce2, regarder les alternatives à la prise en a5 (spoiler, il y en a pas mal !).

Mais finalement, Richard a joué 47…Cab3. Je n’ai pas été extrêmement précis parce que 48.Df2! était léthal, et pas mon choix de 48.Fxb3? Cxb3 49.Df2, qui autorisait 49…Cxa1 et les noirs résistent encore (alors que sur 48.Df2! Cxa1 49.Dxd4, ils restaient avec une Tour nette de moins). Au final, j’ai quand même accroché la victoire dans une finale de Tours où j’ai pu resserrer les boulons. Ça a un peu relancé le tournoi parce qu’auparavant, Richard était seul en tête avec un point d’avance…

Il y a eu beaucoup d’autographes signés cette semaine-là… (Photo : Grenke Chess)

Rapport-Mvl, Ronde 9 : 1/2

Avant cette avant-dernière ronde, la situation du tournoi était assez simple : Richard était 2e derrière Carlsen, avec un point d’avance sur moi. Afin de lui chiper cette place et de disputer le match final contre Magnus, il était donc quasi impératif que je l’emporte avec les noirs dans cette partie.

Bien au fait de la situation, Richard a joué en conséquence une variante extrêmement solide contre la Ragozine. J’ai quand même réussi à trouver une ligne qui conserve les pièces et un peu de jeu dans la position :

Après 13…dxe4, je dois dire qu’il m’a un peu soulagé en préférant 14.Fxe4 à 14.Cxe4 ; je n’étais pas sûr de quoi faire parce que le Cavalier arrive en d6 un peu quoi qu’il arrive, par exemple 14…f5 15.Cd6! Fxd6 16.cxd6 Dxd6 17.Te1 avec une belle compensation. Et si 14…e5, je pensais à 15.Te1 (il y a peut-être aussi 15.d5 cxd5 16.Cc3, mais ce n’est pas sûr) 15…exd4 16.Cd6. 14.Fxe4 m’a donc permis d’espérer obtenir une position à peu près jouable. Après 14…e5, Richard a pris énormément de temps pour 15.Te1, parce qu’il vérifiait 15…f5? 16.Fc2 e4 17.Cxe4! fxe4 18.Txe4 que, de mon côté, j’avais éliminé d’office ! En plus de perdre du temps, il n’a pas prévu ma réponse a tempo 15…Dd8, et c’est là qu’il a commencé à avoir un petit peu peur je pense.

Ici, j’ai complètement raté la possibilité 18…Ff4!?, laissant faire 19.Dxg6+ qui perdrait toutefois la qualité après 19…Rh8, même si ça restait pas clair du tout. A la base, je voulais plutôt 18…Rg7 mais après 19.Dxd4+ Ce5, je laissais la possibilité 20.Cd5! et je me suis dit que jamais ça n’allait passer. C’est pour ça que je me suis finalement décidé pour 18…Rh7. Je savais aussi que je perdais un temps précieux, mais heureusement, Richard ne l’a pas si bien utilisé.

Il a sacrifié un pion, ce qui ne semblait pas absolument nécessaire, et quelques coups plus tard, j’ai obtenu une position dans laquelle j’avais l’impression d’avoir des chances de gain.

Ici, j’ai joué 30…Tad8?!, mais ça s’est avéré insuffisant après 31.bxc5 bxc5 32.Txc5 Txd6 33.Tcc7 et les blancs ont pu sauver le demi-point. Pourtant au début, je voulais prendre en b4, mais ça ne m’a pas semblé assez sur le coup : 30…cxb4 31.axb4 Tad8 32.Tc6 Td7 33.Txd7 (33.Tc7! de suite est en fait beaucoup plus résistant) 33…Txd7 34.Tc7 Td8 35.Txa7 et là, j’ai raté 35…Fe8! gagnant le pion d6 et sans doute la partie.

J’ai attendu tranquillement de connaître l’identité de mon adversaire pour le match du lendemain qui attribuerait les places finales. C’est finalement Keymer qui a émergé d’un tie-break à trois avec Ding Liren et Fridman.

Classement final du tournoi fermé (Image : chess-results.com)

Dans l’ensemble, les noirs ont été plutôt forts dans mon ultime match, puisqu’ils ont pris l’avantage dans trois des quatre parties !

Keymer-Mvl, match pour la 3e place, Tie-beak (4) : 0-1

Après trois nulles, ce match s’est décidé dans la quatrième partie. Grâce à 1.d4 Cf6 2.Cf3 g6 3.Cbd2 d5 4.e3 a5!?, j’ai pu éviter qu’il ne joue 5.b4, contournant plus ou moins sa préparation. C’était en outre une position qui me paraissait assez jouable pour les noirs.

Après quelques péripéties et une imprécision de ma part, j’aurais largement pu me retrouver en difficulté…

Heureusement, Vincent avait déjà dépensé pas mal de temps, et ici il a raté le fort 20.c4!, qui mettait mon centre sous grosse pression. A la place, un autre coup neutre comme 20.De2 ou 20.Cd3 aurait été possible, mais pas 20.Df3?, qui permet 20…Fh6! 21.Tc2? (21.Dd3 était moins grave) 21…Ce4! 22.Cxe4 dxe4 23.Txe4 Fxb3 et les noirs ont un net avantage. Plutôt que de laisser 24.Tb2 Fd5, Vincent est allé all in avec 24.g5 Fxg5 25.c4, qui peut paraître attrayant, mais qui ne marche pas. J’avais calculé 24.c4 immédiatement, et après 24…Fxc2 25.Dxf7+ Rh8 27.d5, le plus précis était 27…Db6 qui empêche 28.Fb2 et il n’y a pas d’attaque (mais évidemment pas 27…Fxe4?? 28.Fb2! et c’est mat). Dans la partie, après 25…Fxc2 26.Dxf7+ Rh8, il a joué 27.Tg4 Tf8 28.Dd5 Ff6 mais a abandonné peu après.

Bravo à Magnus pour une nouvelle victoire, au terme d’un incroyable match final contre Rapport !

Les parties de Maxime en Autriche :

Les parties de Maxime au tournoi Grenke :

Une des émissions les plus populaires de France, « Envoyé Spécial » consacrera le jeudi 11 avril en fin de soirée un long reportage au boom que connaît le jeu d’échecs depuis quelques années. Diffusé sur France 2, celui-ci observera le phénomène sous deux angles. Celui d’une famille de joueurs d’échecs, dont on suivra le quotidien ; et sous l’angle d’un champion, en l’occurrence Maxime, que les équipes de France 2 ont accompagné à l’entraînement, en visite au championnat de France Jeunes à Agen, ainsi que sur un tournoi du circuit professionnel à Bucarest.

https://www.france.tv/france-2/envoye-special

Maxime passé au crible

Mvl, ce sont les autres qui en parlent le mieux…

Profitant de l’actualité un peu creuse de ce début d’année, nous avons demandé à cinq de ses compatriotes, personnalités des échecs français, de nous livrer un éclairage un peu personnel sur Maxime.

Voici donc 5 thèmes, présentés par :

Eric BIRMINGHAM (MF, premier entraîneur de Maxime)

Eric Birmingham

Eloi RELANGE (GMI, Président de la Fédération Française des Echecs)

Eloi Relange

Pauline GUICHARD (GMIF, coéquipière de Maxime en club et en équipe de France – médecin gynécologue)

Pauline Guichard

Marc LLARI (CM, champion du monde U8 en 2022)

Marc Llari

Manuel AESCHLIMANN (Maire d’Asnières, ville du club de Maxime)

Manuel Aeschlimann

Ton tout premier souvenir personnel de Maxime :

Eric BIRMINGHAM

Un petit bout de chou suit pour la première fois mon cours collectif pour les jeunes à Créteil. Il lève le doigt, il propose un coup et une variante. Il a trouvé ! « Damn », me dis-je, il voit à peine au-dessus de sa table ! Le gamin n’a que cinq ans. Je lui demande son prénom ; « je m’appelle Maxime »…

Eloi RELANGE

Quand Maxime était très jeune, je ne jouais pas les mêmes compétitions que lui, donc je n’ai pas eu l’occasion de le rencontrer à ce moment-là. Mais bien sûr, j’avais entendu parler de ce petit gamin à la réputation grandissante, que la légende urbaine présentait comme un potentiel champion du monde. Quand on ne le voit pas de ses yeux, ce genre de prédiction fait toujours un peu sourire, mais elle s’est finalement avérée tout à fait juste !

Quant à la première fois où j’ai vu Maxime, c’était bien plus tard…

Pauline GUICHARD

La première fois qu’on a fait le même championnat de France Jeunes, c’était je pense en 1999. Mais mon premier véritable souvenir de lui, c’était en 2002 au championnat de France Jeunes à Hyères. Il avait 11 ans et jouait en minimes (U16) ; il était largement surclassé et il a quand même gagné cette année-là.

Maxime en 2002

Je me souviens surtout qu’il était tout petit, c’était assez marrant par rapport aux garçons de 16 ans… Et c’est là où je me suis dit : « c’est impressionnant, il est vraiment, vraiment bon ! ».

Marc LLARI

Au championnat de France Jeunes en avril 2023, alors que je me dirigeais vers l’estrade pour jouer, Maxime était en pleine séance photo dédicace juste devant l’escalier, alors on a fait une photo ensemble avant la ronde.

Manuel AESCHLIMANN

Quand nous avons demandé à Maxime de jouer pour le club d’échecs d’Asnières. Pour un si jeune club, cela paraissait un peu prétentieux de solliciter un joueur de ce niveau. Au contraire, Maxime m’a répondu avec gentillesse et humilité. J’ai compris que ça allait bien se passer.

Une anecdote personnelle avec Maxime :

Eric BIRMINGHAM

A l’occasion d’une remise de trophées à Cannes, dans le sud de la France, Maxime et moi nous baladons dans la ville ; Maxime a sept ou huit ans.


Nous nous retrouvons dans une rue commerçante plutôt chic. Je m’arrête devant une vitrine où des montres de luxe sont exposées. Le petit garçon et moi regardons les prix, et nous éclatons de rire. Malgré son très jeune âge, Maxime a les pieds bien sur terre ; il a parfaitement conscience de la valeur des choses de la vie courante. Pendant une bonne heure, nous avons regardé des bijoux, des montres, des robes etc… qui coûtaient plus cher que la voiture de son père ! (et Patrick, son papa, avait une bonne bagnole !). Pendant cette heure, malgré notre immense différence d’âge, nous étions en symbiose face à ces bizarreries de la société de consommation, et nous avons beaucoup ri.

Maxime en 2000

Eloi RELANGE

J’ai eu l’occasion de jouer plusieurs fois en blitz contre Maxime ces dernières années, et à chaque fois, j’étais archi gagnant dans la première partie ; mais je les ai évidemment toutes perdues ! J’ai le souvenir qu’il était vraiment en difficulté dans l’ouverture, contre la Philidor notamment. Mais systématiquement, il a remonté ces positions franchement désespérées. Bon ok, c’était dans un bar une fois, une autre fois chez un élu de la FFE, et une troisième fois encore ailleurs. Et puis je dois avouer que, comme toujours quand il y a un gros écart de niveau, tu donnes tout sur la première partie, lui n’est pas chaud, donc tu résistes plutôt pas mal, mais les parties suivantes, ce n’est plus du tout la même histoire !

Quant à la seule fois où j’ai joué contre Maxime en partie classique, j’avais les blancs et je m’étais préparé contre la Grünfeld, puisqu’à l’époque, il ne jouait que ça (Championnat de France par équipes 2012). Donc j’avais cherché des variantes particulièrement solides et au final, il m’avait joué une Ouest-Indienne ! J’étais très content, je me disais qu’il ne connaîtrait pas si bien ce genre de position et en plus, j’avais de bons résultats dans cette variante. Mais en fait, il a gratté petit à petit l’avantage et je n’ai rien pu faire. Bilan, l’ouverture blanche solide et anodine m’a donné une position complètement désespérée au 36e coup, dans laquelle j’ai perdu au temps.

La partie :

Pauline GUICHARD

En fait, les rares fois où j’ai joué contre Maxime, c’était lors de soirées ! Mais je me souviens de l’avoir battu dans la première, ou une des toutes premières parties, même si je dois avouer qu’il jouait toujours avec 30 secondes et moi 3 minutes ! Mais je préfère garder le simple souvenir d’avoir déjà battu Maxime une fois…

Marc LLARI

Durant le championnat du monde rapide par équipes à Düsseldorf (août 2023), le dernier jour, nous sommes allés au restaurant avec toute l’équipe.


J’étais en face de Maxime et il m’a proposé une énigme avec un lapin caché dans une boîte contenant 6 cages. Je devais proposer la cage où se cachait le lapin et le trouver en un minimum de coups. Ca m’a fait réfléchir pendant tout le repas !

Manuel AESCHLIMANN

A chaque fois que Maxime participe à un événement sur Asnières et qu’il y a de la presse, les médias me demandent toujours de jouer quelques coups contre lui sur un échiquier, histoire de filmer l’échange. C’est frustrant de s’arrêter une fois la prise faite, au bout d’une dizaine de coups. Cela doit faire la sixième ou septième partie inachevée que nous jouons ainsi. Cela dit, j’ai une petite idée de la façon dont ça se terminerait si nous allions au bout…

Une partie ou un moment de sa carrière qui t’a marqué :

Eric BIRMINGHAM

En 2009, Maxime a joué une Najdorf à Bienne face à Alexander Morozevitch. Cette partie est folle. Je n’ai rien compris à l’époque (ça ne m’a pas empêché de la montrer en cours à mes élèves… Mon Dieu, je suis un escroc !). J’ai revu la partie avant d’écrire ces lignes. Je ne comprends toujours rien. (ce jeu est vraiment trop difficile). Je n’ai jamais demandé à Maxime : « S’il y avait eu un contrôle anti-dopage après cette partie, aurait-il été positif ? ».

La partie :

Eloi RELANGE

J’ai deux moments marquants qui me viennent à l’esprit. Le premier, c’est quand il a battu Naiditsch dans un match de Championnat de France par équipes Evry-Clichy, en 2009. Je ne jouais pas ce match et j’ai pu assister à cette Najdorf fantastique remportée contre un Naiditsch au top de sa forme à cette époque, et très dur à jouer avec les blancs (2700, #31 mondial en 2009). Et Maxime le bat avec les noirs comme si c’était un touriste !

La partie :

Comme sans doute beaucoup, j’ai aussi en mémoire la finale du championnat du monde de Blitz 2021 contre Duda, que j’ai regardée en famille à la maison !

La partie :


Avec mes trois enfants qui sautaient en criant « Maxime, Maxime ! » ; donc, mis à part la performance exceptionnelle de ce premier titre de champion du monde pour un français, ça a été aussi pour moi un moment familial extrêmement sympa !

Pauline GUICHARD

Sans hésiter pour moi, c’est son titre de champion du monde de Blitz en 2021 à Varsovie. Je n’étais pas présente en Pologne cette année-là parce que j’avais trop de travail au cabinet à l’époque. Mais je me souviens très bien que je n’avais pas pu suivre la fin du tournoi car j’étais au cinéma avec des amis à ce moment-là ; il restait 5 ou 6 rondes et j’avais dû couper mon téléphone. En le rallumant à la fin du film, j’ai vu qu’il venait juste de battre Carlsen, et qu’il était en train de commencer les blitz de départage contre Duda !

La partie :

Je les ai donc suivis avec mes amis qui n’étaient pas du tout joueurs d’échecs, et qui ne comprenaient pas trop mon excitation du moment ! Je ne me souviens plus du tout du film que j’ai vu, mais je me rappelle avoir ressenti une grosse émotion quand Maxime a gagné ; j’étais vraiment super contente pour lui…

Marc LLARI

Sa victoire en Blitz contre Magnus Carlsen au Championnat du monde de Blitz 2023, quand Maxime a envoyé 5 pions contre 2 sur l’aile-Dame en finale !

La partie :

Manuel AESCHLIMANN

Je ne suis pas très original, mais je dirai que c’est son titre de champion du monde de Blitz. Au-delà des analyses échiquéennes relatant son remarquable parcours, c’est surtout la reconnaissance et les retombées médiatiques auprès du grand public qui m’ont marqué. Le jeu d’échecs est soudain redevenu populaire dans notre pays. Une consécration bien méritée. 

Imagine ce que fera Maxime après sa carrière :

Eric BIRMINGHAM

MVL est un immense champion, il est peut-être le plus fabuleux calculateur sur notre planète. Mais Maxime est aussi un chic type, très sociable, il a bon cœur. Je l’imagine patron d’un grand restaurant (il aime la bonne bouffe), il irait de table en table avec un mot gentil pour chacun. De temps à autre, un client lui parlerait de Carlsen ou de Nakamura. Et notre Tartarin des 64 cases raconterait une histoire ou deux. Mais, à la différence du héros de Daudet, tout ce que dirait le vieux champion serait vrai !

Eloi RELANGE

Déjà, j’imagine qu’il ne fera pas ce que fait Kramnik, à savoir se focaliser sur la triche aux échecs avec des statistiques discutables !

Je ne le vois pas non plus président de la fédération, car ça ne me paraît pas être très prometteur pour lui ; même si je pense qu’il ferait un très bon président parce qu’il a quand même une bonne lecture des choses, ainsi qu’une incarnation très forte. Et j’ai du mal à l’imaginer en dehors des échecs… Peut-être dans le conseil en stratégie pour des cabinets, mais je ne suis pas convaincu qu’il s’y plairait.

Pauline GUICHARD

Maxime est un grand fan de jeux et de sports, donc je le verrais bien commentateur sportif, plutôt spécialisé en basket NBA. Ou alors, dans le domaine du foot, speaker de l’Olympique Lyonnais au Groupama Stadium 😊.

Groupama Stadium – Lyon

Marc LLARI

Chasseur de sangliers – Tailleur de pierres – Eleveur de coccinelles ?

Ou alors programmeur en Intelligence Artificielle pour les moteurs d’analyse d’échecs !

Manuel AESCHLIMANN

D’abord, j’imagine et j’espère que l’« après-carrière » n’est pas près d’être à l’ordre du jour. Maxime a encore plein de victoires à décrocher, et de beaux challenges l’attendent pour de longues années.

Toutefois, un jour, je le vois bien influenceur web sur les nouvelles technologies, avec son flegme et son humour à froid. Il ferait merveille. 

Bonus :

Dévoile une facette méconnue de la personnalité de Maxime ou trouve une blague qui pourrait le faire rire

Eric BIRMINGHAM

Les gens ont oublié : adolescent, Maxime était terriblement timide. Il a réussi à gommer ce défaut relativement vite. Sous une apparence quelque peu débonnaire, le gentil garçon possède une volonté d’acier.

Eloi RELANGE

Une facette intéressante de la personnalité de Maxime, c’est le fait qu’il soit extrêmement souriant, sympa, accessible mais qu’en réalité, dans les discussions, il marque toujours un temps d’arrêt pour livrer une réponse en profondeur. En fait, il va vraiment chercher plus loin que la petite réplique évidente, et c’est ce qui tranche avec son côté super chaleureux que voient et ressentent tous ceux qui l’approchent. Je trouve ce paradoxe assez marrant.

Pauline GUICHARD

Je ne sais pas si c’est un aspect méconnu de sa personnalité et peut-être les gens s’en doutent-ils ?

Les échecs sont plutôt perçus comme un sport individuel, mais en réalité, il y a beaucoup de compétitions par équipes. Et ce que je trouve impressionnant chez Maxime, c’est son esprit d’équipe. Parmi les Top joueurs que je connais, et notamment les Français, c’est le seul qui ait autant cet état d’esprit. Il est toujours à fond, que ce soit en équipe de France ou avec Asnières. C’est vraiment un leader et un moteur. Et ce que je trouve bien, c’est que souvent il a une grosse pression parce qu’on attend des résultats de sa part et que, pour autant que je me souvienne, il répond quasiment toujours présent !

Marc LLARI

Je n’ai pas de blague mais j’ai une devinette pour me venger de l’énigme qu’il m’a posée à Düsseldorf !

Pourquoi les lapins ne jouent-ils qu’avec 39 cartes, et non 52 ?
Parce qu’ils mangent les trèfles !


L’énigme posée par Maxime : un lapin se déplace le long d’un couloir de 6 pièces, qui ont chacune leur porte. A chaque tour, vous avez le droit d’ouvrir une porte pour découvrir le lapin. Si vous ne l’avez pas découvert, et une fois la porte refermée, le lapin se déplace d’une pièce, vers la droite ou vers la gauche (bien entendu, s’il est est au bout du couloir, il ne peut plus se déplacer que dans une seule direction au prochain tour). En combien de tours au minimum pouvez-vous découvrir de façon certaine le lapin ?

Manuel AESCHLIMANN

Blague nulle :

J’ai offert un frigo en cadeau à ma fille pour son anniversaire. J’ai hâte de voir son visage s’illuminer quand elle l’ouvrira.

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