Candidats, mode d’emploi

Les candidats

Pour tous les joueurs du Top mondial, l’échéance majeure est le fameux « Tournoi des Candidats », ce passeport qui permet d’accéder au Graal, le mythique match de championnat du monde contre le tenant du titre. Dans le cycle actuel de deux ans, le Tournoi des Candidats se déroule en mars les années paires, et le match pour le titre en novembre.

Gagner le Tournoi des Candidats, c’est s’assurer une place à part dans l’histoire des Echecs, parmi les rares joueurs ayant disputé un match de championnat du monde. Mais participer au Tournoi des Candidats constitue déjà une performance en soi, puisque l’on fait partie des 8 heureux élus appelés à s’entretuer pour l’honneur d’aller défier le King en personne, Magnus Carlsen.

Anand et Topalov zappent le GP FIDE

Mais comment se qualifie-t-on pour le Tournoi des Candidats ? C’est là que ça se complique un peu… Tentative de clarification !
Voici comment sont distribuées les 8 places, par ordre de priorité :
1. Perdant du match 2016 (Karjakin)
2. Vainqueur de la Coupe du Monde 2017 (en septembre à Tbilissi)
3. Finaliste de la Coupe du Monde 2017
4. Vainqueur du Grand Prix FIDE 2017
5. 2e du Grand Prix FIDE 2017
6. Meilleure moyenne Elo 2017
7. 2e meilleure moyenne Elo 2017
8. Wild-card organisateurs
A ce jour donc, seul Karjakin a une place garantie. Les deux finalistes de la Coupe du monde seront les suivants sur la liste ; mais dans un tournoi à élimination directe, il est très hasardeux de miser sur cette seule épreuve. C’est pourtant le choix qu’ont fait des joueurs comme Anand ou Topalov, en zappant délibérément le Grand Prix FIDE. Rendez-vous en Géorgie en septembre pour voir s’il s’agissait d’un pari gagnant.
Puisqu’on en parle, le Grand-Prix FIDE, donc… Il offre les places 4 et 5. Chacun des 24 participants prend part à 3 des 4 tournois programmés. On dispute en ce moment même le 3e, à Genève, où s’achève la 5e ronde.
Et là, il est impossible d’y voir autre chose que des tendances, tout le monde n’ayant pas le même nombre de tournois au compteur. Tout juste peut-on dire que Mamedyarov, Grischuk, Ding Liren, Radjabov et Maxime sont aujourd’hui les mieux placés. Que Svidler, Giri et Nakamura sont en embuscade. Qu’Aronian est mal embarqué. Et que tous les autres sont virtuellement hors course.

La route complexe vers le Tournoi des Candidats (photo Pixabay)
La route complexe vers le Tournoi des Candidats (photo Pixabay)

Restent deux places à la moyenne Elo 2017. Et pour le coup, les choses y sont plus claires. Car sauf cataclysme sur les listes FIDE d’ici la fin de l’année, ça se jouera entre Kramnik, Wesley So et Caruana.
Mais ce serait trop simple si ça s’arrêtait là…

Il y aura toujours un ultime espoir !

Car si un, voire deux des joueurs qualifiés par le Elo au soir du Nouvel An, se trouvaient avoir déjà été adoubés par la Coupe du monde de septembre, que se passerait-il donc ? Et bien, on irait alors chercher le 3e Elo, voire le 4e. Vous suivez toujours ?
Concernant Maxime, sur les trois voies d’accès aux Candidats, une semble très compromise, celle qui passe par le Elo. Il faudrait en effet que les 2 meilleurs Elos 2017 (parmi Kramnik, So et Caruana), se retrouvent précisément en finale de Coupe du Monde : une belle cote !
La voie par la Coupe du monde, on l’a déjà dit, est aléatoire par nature. Rappelons qu’en 2013, Maxime avait été éliminé par Kramnik en demi-finales, et qu’en 2015, c’est Giri qui l’avait sorti en ¼ de finale.
Pour le Grand Prix FIDE, Maxime reste maître de son destin, et aura l’avantage de disputer le dernier tournoi à Palma de Majorque (16-25 novembre), en sachant précisément ce qu’il lui faudra accomplir pour se qualifier.
Et enfin, pour tous les malheureux qui n’auront pas franchi l’obstacle, il y aura toujours un ultime espoir. Espérer obtenir la wild card de l’organisateur (à ce jour, Dieu seul sait où se déroulera le Tournoi des Candidats…), qui privilégie en général un « local » (le règlement stipule toutefois qu’il doit avoir +2725 Elo).
La qualif pour les Candidats, un feuilleton qui continue, à suivre pendant tout le 2e semestre 2017 !

[otw_shortcode_quote border=”bordered” border_style=”bordered” background_pattern=”otw-pattern-1″]Against all odds (https://www.youtube.com/watch?v=uVjEcIANv1o)
Les sites de paris sportifs proposent déjà de miser sur le futur vainqueur du championnat du monde. Voici les cotes actuelles. Magnus Carlsen, assuré de défendre son titre, bénéficie d’une cote très faible.
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Louvain GCT : la suite du marathon

Louvain GCT

Je suis parti à Louvain dès le lendemain du tournoi de Paris, le lundi 3 juillet. Les 3 joueurs qui enchaînaient les deux tournois, à savoir Wesley, Magnus (accompagné de sa famille), et moi-même, avons pris position dans le Thalys de 12h25 à la Gare du Nord. Sur place, nous étions logés au Fourth Hotel, sur la Place centrale de Louvain, à quelques mètres de l’Hôtel de Ville où se déroulait le tournoi. Le Fourth Hotel est un établissement flambant neuf, qui vient tout juste d’ouvrir ses portes. Après la traditionnelle réunion technique de préparation à 17h, nous avons dîné au restaurant de l’hôtel, le Tafelrond, qui vient de recevoir une étoile au Guide Michelin, ce qui ne m’a guère étonné au vu de la grande qualité de la nourriture, et des petites proportions ! Pas plus mal pour moi cependant, puisque ça m’a permis d’être dans une bonne dynamique, et de reperdre en Belgique le petit surpoids que j’avais accumulé à Paris…

Une partie de dingue contre Kramnik

Le mardi était consacré aux médias et aux exhibitions. Nous avons donné une simultanée collective contre les espoirs belges ; tous les joueurs se relayaient et jouaient un coup chacun. La difficulté de l’exercice est de reprendre une position 10 coups après l’avoir laissée, et de comprendre ce qu’ont voulu faire les autres. Dans l’euphorie, on peut également se laisser aller à quelques coups fantaisistes… Mais dans l’ensemble, on a été plus pros que l’an dernier, où nous avions perdu un nombre indécent de parties, sans doute 6 ou 7 !

Qu’est-ce qui vous fait croire qu’on est en Belgique ??
Qu’est-ce qui vous fait croire qu’on est en Belgique ?? (Photo: Lennart Ootes / Grand Chess Tour)

Concernant le tournoi lui-même, comme je l’ai déjà écrit, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas forcément, en cadence rapide. Le premier jour des rapides, j’ai réalisé un bon 2/3, avec une excellente partie d’ouverture contre Ivanchuk, une nulle solide contre Wesley So, puis une partie de dingue contre Kramnik, où j’ai sauvé par miracle une position totalement désespérée.
2/3 également le deuxième jour, avec tout d’abord une nulle contre Carlsen après avoir plutôt dominé. Ensuite, j’ai rajouté un zéro à la longue liste de défaites de Jobava, après qu’il eût failli plusieurs fois perdre en un coup, par exemple quand il a posé sa Dame en g4 au 28e coup, réalisant juste avant de la lâcher qu’il perdrait alors une Tour ! Par la suite, j’ai fini par gagner une finale de Tours supérieure, mais loin d’être simple à concrétiser. La journée s’est conclue par une nulle difficile avec les blancs contre Giri, mes expérimentations avec l’Italienne finissant par ne plus porter leurs fruits, après l’avertissement de la veille contre Kramnik.

J’enchaîne 3 parties horribles

La dernière journée des rapides a débuté par cette partie contre Anand, sur laquelle je ne sais même plus trop quoi dire, tellement j’ai honte de mon ouverture ! Sur la Najdorf avec 6.h3, j’ai décidé de changer de variante à la dernière minute, acceptant une position où j’allais être un peu moins bien, et même en réalité nettement moins bien assez rapidement ! La suite est surréaliste, comme une réplique de mon sauvetage contre Kramnik, avec cette fois le bonus du point entier ! Ce qui me satisfait au moins sur un point ; même quand ça tourne mal, je parviens souvent à poser le maximum de problèmes pratiques… La ronde suivante contre Nepo, j’ai fait n’importe quoi dans l’ouverture, il a fait encore plus n’importe quoi derrière, avant de revenir dans la partie et de gaffer dans une position compliquée, oubliant le joli gain avec 39.e7!. Malheureusement, j’ai fini ce tournoi rapide par une défaite contre Aronian. J’ai perdu prise dans le milieu de jeu, pourtant j’ai bien résisté par la suite, pour finalement lâcher en toute de fin de partie sur une malencontreuse gaffe.
Trois journées à 2/3 chacune, malgré un contenu assez différent, le tempo était le bon !
Malheureusement, dès le début du blitz le lendemain, je sens tout de suite que les choses ne se passent pas aussi bien. Pourtant, les résultats sont corrects au début, mais je perçois quand même que ce n’est pas la grande forme. Je rate la nulle en finale contre Carlsen, même si ce n’était pas trivial à cette cadence, et avec le fameux système de delay. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’évite toujours soigneusement de me retrouver avec seulement une poignée de secondes à la pendule… Ensuite, j’enchaîne trois parties horribles contre So, Anand et Kramnik. Je remporte la première car Wesley me laisse inexplicablement remonter la pente, mais je ne peux sauver les deux autres.

Plus en état de calculer correctement

Du coup, comme je suis obligé de constater que ça ne va pas fort, je décide de revenir à des positions plus simples, et de jouer sur la technique pure. Ce choix s’avère judicieux puisque j’encaisse 2 points consécutifs en doublant les blancs contre Jobava et Ivanchuk. Mais la première journée de blitz sera finalement un peu gâchée par un trou noir contre Nepo pour la conclure ; paradoxalement, j’avais plutôt bien joué et même obtenu un avantage décisif, mais j’ai raté une ou deux suites après, et j’ai fini par la perdre, finissant la journée avec un 50% très moyen.

Devant 3 champions du monde, pendant le money time contre Magnus ! (photo Grand Chess Tour)
Devant 3 champions du monde, pendant le money time contre Magnus ! (photo Grand Chess Tour) (Photo: Lennart Ootes / Grand Chess Tour)

Le dernier jour, ça se passe pas mal au début, et je sens que je calcule mieux. Evidemment, la partie contre Carlsen est un tournant. J’ai quelques regrets de ne pas avoir trouvé quelque chose de plus simple contre son choix d’ouverture, que je qualifierais poliment de « baroque ». Je dois toutefois avouer qu’il a joué de manière vraiment impressionnante par la suite…
J’enchaîne ensuite avec deux victoires contre So et Anand, avant d’affronter un Kramnik en grande difficulté depuis le début de la journée. C’est le moment que je choisis pour faire n’importe quoi, en perdant toute objectivité. A ma décharge, je sentais que je puisais dans mes dernières cartouches d’énergie. C’est donc à l’arraché que j’ai fini les 3 dernières rondes du tournoi, remportant une partie horrible contre Jobava, mais perdant quasiment sans jouer contre Ivanchuk. A la dernière, heureusement que Nepo m’a bien aidé, car je ne contrôlais plus grand-chose ; même dans la position clairement gagnante, j’ai cherché à chaque coup le moyen le plus sûr et le moins risqué de continuer, tant je ne me sentais plus en état de calculer correctement.

Venir taquiner Magnus ?

A l’heure du bilan, je retiens ma bonne gestion du temps dans l’ensemble, sans doute supérieure à la plupart des autres joueurs. La contrepartie de jouer plus rapidement, c’est de devoir défendre plus de positions inférieures, voire perdantes ; on ne peut pas tout avoir ! Mais heureusement, mon niveau de résistance s’est avéré bon lui aussi. Je suis également satisfait de mon traitement des positions simples, surtout dans les blitz ou j’ai pu faire parler la technique.

La première remise des prix « 0 cravate » de l’histoire ?
La première remise des prix « 0 cravate » de l’histoire ? (Photo: Lennart Ootes / Grand Chess Tour)

Sur le plan purement comptable, je suis installé à la 2e place du Grand Chess Tour. C’est satisfaisant, même si je n’oublie pas que parmi les leaders, Nakamura a encore un tournoi rapide à disputer (Saint-Louis). L’objectif est maintenant de bien préparer le tournoi classique de Saint-Louis, afin de conforter ma 2e place, voire de venir taquiner Magnus ! Car aujourd’hui, le champion du monde est clairement plus dominateur en parties rapides, et surtout en blitz, qu’en cadence classique.

En attendant, je pars à Dortmund le 13 juillet, afin d’aller défendre mon titre au Sparkassen Chess Meeting 2017, qui se dispute du 15 au 23. J’y retrouverai notamment le tout nouveau n°2 mondial, Vladimir Kramnik !

[otw_shortcode_quote border=”bordered” border_style=”bordered” background_pattern=”otw-pattern-1″]Noir c’est noir
Le fantasque GMI georgien Baadur Jobava, qui disposait d’une wild card à Louvain, a souffert le martyre dans ce tournoi, totalisant 0.5/9 dans le rapide, et 2.5/18 dans le blitz. Interviewé après son unique victoire (contre Kramnik), il a avoué s’être consolé en visitant les bars de la ville, à la découverte des « magnifiques bières de Belgique ».
Une découverte sans doute plus précoce encore qu’il ne l’avoue, puisque dès le deuxième jour, face à Maxime, il est arrivé sur l’échiquier avec 3 minutes de retard, et une haleine fraichement houblonnée !
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Site officiel : http://grandchesstour.org/2017-grand-chess-tour/YourNextMove

Mes parties de ce tournoi :

Paris GCT : au coude-à-coude avec Magnus !

(photo Grand Chess Tour)

Voici donc le début de ce Grand Chess Tour 2017, que j’ai eu le plaisir de disputer à domicile, cette fois dans le cadre feutré des studios de Canal Plus à Boulogne. Au programme du Grand chess Tour 2017 : 3 tournois rapides (Paris, Louvain et Saint Louis), ainsi que 2 tournois classiques (Saint Louis et Londres). Les 9 joueurs du Grand Chess Tour disputent 2 des 3 tournois rapides (Paris, Louvain et Saint-Louis). Dans chacun de ces tournois, il y a 4 wild cards. Les 9 participent également à 2 tournois classiques (Saint-Louis et Londres), avec une wild card dans chaque.

Les deux premiers jours des rapides ne se sont pas forcément très bien passés. J’ai beaucoup souffert de la chaleur la nuit pendant cet épisode caniculaire, dans mon appartement parisien sans climatisation… Finalement, j’aurais peut-être dû rester à l’hôtel des joueurs sur Boulogne !
Au final, je me suis quand même senti bien dans le rythme, avec un jeu globalement cohérent, malgré les quelques erreurs évitables qui ont émaillé certaines parties. De plus, j’ai assez bien géré le système de « delay *», importé des USA et auquel nous ne sommes guère habitués en Europe, où l’incrément prédomine largement. La différence essentielle est que l’on ne peut jamais récupérer de temps en jouant vite, ce qui met parfois une pression terrible en fin de partie.

*Lorsqu’un joueur effectue son coup, la pendule de son adversaire ne se déclenche qu’après un temps de latence prédéfini, ici 10 secondes après chaque coup dans les parties rapides, et 3 secondes dans les blitz.

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas

4e ex-aequo après les 3 jours de parties rapides, je comptais évidemment sur le blitz pour remonter au classement et m’infiltrer sur le podium. Honnêtement, avec 3 points de retard sur Magnus, je n’imaginais quand même pas pouvoir me mêler à la lutte pour le titre. Malgré tout, l’enjeu restait de taille et le plus important en blitz, c’est d’arriver frais, en forme, et de savoir capitaliser sur les bonnes séries. Car, comme on l’a encore bien vu à Paris pour nombre de joueurs, les journées de blitz se suivent, mais ne se ressemblent pas !

Un peu de réconfort après les parties ! Avec JB Mullon, E Bacrot et L Fressinet. (photo Yannick Pelletier)
Un peu de réconfort après les parties ! Avec JB Mullon, E Bacrot et L Fressinet. (photo Yannick Pelletier)

Le blitz commençait pour moi avec les 3 américains d’affilée, et un premier tournant est survenu à la ronde 3. En effet, après avoir annulé Nakamura et battu So, j’ai réussi à perdre une position complètement gagnante contre Caruana ! Dans ce cas, on craint toujours de voir une bonne série enrayée : mais heureusement, après cette défaite cruelle, j’ai enchaîné 4 gains, dont un chanceux contre Mamedyarov, une sorte de sympathique compensation de la part de Caïssa ! Une série qui s’est achevée sur une victoire importante contre Magnus, dans une finale d’une grande complexité. Malgré une défaite et une nulle dans les deux dernières, je terminais cette première journée de blitz avec le score raisonnable de 6/9, insuffisant toutefois pour décoller de la 4e place…

La remontada !

Après un bon resto et une bonne nuit de sommeil, la deuxième journée de blitz a bien débuté, avec deux gains contre Nakamura et So, ce dernier m’ayant grandement facilité la tâche. Léger trou d’air par la suite, ponctué de deux nulles difficiles avec les noirs, contre Caruana et Topalov. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’à la faveur des autres résultats, je grillais la politesse à Grischuk et Nakamura pour prendre la 2e place, à 4 rondes de la fin ! La remontada commençait à se profiler…
Ronde 15, je bats Mamedyarov dans une finale plutôt égale, mais avec la paire de Fous ; je ne suis plus qu’à un point de Magnus, qui entame une mauvaise passe de 3 défaites consécutives ! Je me retrouve dans la position du chasseur (c’est la plus agréable), et je fais face à Magnus lors de la ronde suivante ! Nous nous livrons un farouche combat, d’une grande complexité, et c’est lui qui commet l’irréparable dans le zeitnot, avec une gaffe qui perd immédiatement (57.b4??).
L’avant-dernière ronde me permet de prendre seul la tête, puisque Magnus perd encore, cette fois contre Nakamura ; une partie à laquelle j’assiste en direct depuis le studio, puisque j’avais moi-même fait une nulle rapide contre Karjakine, suite à une erreur dans l’ouverture m’obligeant à forcer un perpétuel précoce.

N°2 mondial en blitz !

J’aborde donc la dernière ronde avec un demi-point d’avance, mais j’ai les noirs contre Grischuk, et Magnus a les blancs contre un So en grande difficulté. Ma partie reste toujours très équilibrée, tandis que Magnus atomise l’Américain. Le champion du monde et moi terminons tous deux avec 24 points sur 36, un point devant Nakamura.
Un tie-break en 2 parties est donc organisé dans la foulée pour nous départager, et l’essentiel se joue dans la première partie. Avec les noirs, je souffre mais je tiens bien le coup ; malheureusement je perds le fil dans la finale et je dois m’incliner. Dans la 2e il me surprend avec le Gambit Marshall, une ouverture avec haute probabilité de nulle en partie classique, mais qui me semblait très risquée en rapide. Cependant, je ne suis pas assez précis, et Magnus n’a aucun problème pour égaliser et s’adjuger la victoire dans ce Paris Grand Chess Tour.
Au final, même si c’est la déception qui prédomine sur le coup, je suis satisfait du résultat et de mon niveau de jeu. J’ai fait jeu égal avec Magnus (1er ex-aequo et 2.5/5 dans nos confrontations directes), je prends la 2e place du Grand Chess Tour, et la 2e place également du classement mondial de blitz, très près de Magnus et des 2900 points Elo !).

Avec les enfants lors des manifestations périphériques, au Château d’Asnières (photo Ligue IDF Echecs)
Avec les enfants lors des manifestations périphériques, au Château d’Asnières (photo Ligue IDF Echecs)

Maintenant, il est temps d’enchaîner…
Place donc à la deuxième étape du Grand Chess Tour, qui se déroule à Louvain, à côté de Bruxelles. Je suis dans la petite bourgade belge depuis ce lundi après-midi, prêt à recommencer le rituel de 5 journées d’échecs rapides et intenses !
Début des hostilités mercredi 28 juin à 14h00

Mes parties de ce tournoi :

Stavanger : le bilan

Photo : http://www.norwaychess.no

Les journées de repos se suivent mais ne se ressemblent pas forcément ! Après avoir tâté l’arrière-train des vaches et conduit des tracteurs lors de la première d’entre elles, rien d’aussi exaltant n’était au programme de la deuxième. D’ailleurs, pour être plus précis, il n’y avait en réalité absolument rien de programmé cette fois-ci ! Un repos au sens strict du terme avant que nous abordions le sprint final des 3 dernières rondes…

Au démarrage d’une douloureuse défaite avec les blancs (Photo site officiel <a href="http://norwaychess.no">http://norwaychess.no</a>)
Au démarrage d’une douloureuse défaite avec les blancs (Crédit photo site officiel http://norwaychess.no)

Evidemment, il était possible de résister un peu mieux

Contre Giri à la ronde 7, je m’attendais vraiment à jouer contre une Najdorf, puisque je semble avoir contaminé Anish, qui emploie désormais souvent mon ouverture fétiche ! Mais il a finalement ressorti le Dragon accéléré, dont je n’avais pas revu les lignes critiques récemment. A la fin de l’ouverture, j’aurais dû faire le choix de la complexité totale avec 21.f4, plutôt que d’opter pour la manœuvre Tc1-c6, qui laisse l’avantage aux noirs après l’excellent 22…Db5!. Evidemment, il aurait été possible de résister un peu mieux par la suite, mais ma position était déjà fort désagréable.

Cette fois, c’est le début d’une partie victorieuse, face à Kramnik Photo site officiel <a href="http://norwaychess.no">http://norwaychess.no</a>
Cette fois, c’est le début d’une partie victorieuse, face à Kramnik Photo site officiel http://norwaychess.no

Le lendemain, je doublais les blancs contre Kramnik, il était donc nécessaire de tenter quelque chose. Même si ce n’était pas forcément le plus probable, j’avais anticipé la possibilité que Vlad choisisse cette ligne précise de l’anti-Berlinoise. Nous avons tous deux poussé très loin nos analyses maison, mais j’ai sans doute légèrement surestimé ma position après 21.Cd2. L’ancien champion du monde aurait pu forcer une finale de Tours nulle en échangeant tout en c3 au 28e coup, mais il a fait le choix plus audacieux de garder la tension.

Quelques coups pas triviaux

Le vent a commencé à tourner avec ma jolie manœuvre Tf2-f3, puis définitivement lorsque Vlad a pris le mauvais chemin en venant provoquer l’échange de son Fou contre mon Cavalier. La finale de double Tours nécessitait encore quelques coups techniques pas triviaux, notamment 46.Tf5, avant que l’esthétique 46.Txh4! ne vienne mettre un terme définitif au combat. Ma seule victoire, pas vraiment obtenue dans la facilité, mais si on veut des parties faciles, on ne joue pas ce genre de tournoi !

Lors de la dernière ronde, avec les noirs contre Karjakin, j’ai raté une occasion en or de terminer à 50% dans le tournoi, suite à une ouverture insipide du vice-champion du monde ; après 18…Ff5, je suis en effet déjà un peu mieux avec les noirs… Instinctivement, j’aurais certainement joué la séquence que tout le monde a vue, 24…f5! 25.Te3 e4, avec un très gros avantage. Une rapide réflexion m’a fait croire que 24…Txd5 me donnerait un avantage plus net.

La salle de concert, hôte des 3 dernières rondes (Photo : site officiel, <a href="http://www.norwaychess.no">http://www.norwaychess.no</a>)
La salle de concert, hôte des 3 dernières rondes (Photo : site officiel, http://www.norwaychess.no)

J’ai oublié un léger détail !

Et malheureusement, j’ai continué à appliquer ma stratégie de jouer rapidement dans ce tournoi sans incrément, pour ne pas connaître les soucis de pendule que j’avais eu l’année dernière. Du coup, je n’ai pas plus approfondi la position, et j’ai oublié un léger détail qui change tout, faisant disparaître mon avantage.
Au final, si le résultat de cette petite escapade scandinave n’est pas enthousiasmant, il n’est pas catastrophique non plus, surtout par rapport à mon piètre niveau de forme affiché. Bien sûr, il met également en évidence le fait qu’il me faudra sans doute apporter quelques réglages techniques à mon jeu, avant d’aborder les échéances de l’été studieux qui m’attend !

En attendant, cap sur le Grand Chess Tour à domicile !

Site officiel du NorwayChess : http://norwaychess.no

Mes parties de ce tournoi :

Norway chess : les stars à la ferme !

Les joueurs dans une ferme norvégienne

Il n’y a pas que les échecs dans la vie ! C’est en tout cas ce qu’ont dû penser les organisateurs du Norway Chess, qui ont décidé de planifier une activité vraiment particulière à l’occasion de la première des deux journées de repos du tournoi… Transportés jusqu’à une exploitation agricole à l’extérieur de Stavanger, les 10 joueurs ont été priés de porter la tenue du parfait fermier, avant d’être initiés aux joies des travaux champêtres !

Saine camaraderie et franches rigolades

Après avoir intégré quelques rudiments, on leur a proposé de s’affronter autour de quelques épreuves agricoles, et notamment la traite de vaches, le slalom en tracteur, ou encore la taille d’arbustes… Plus ou moins dubitative au démarrage, il semble que l’élite mondiale du jeu d’échecs se soit bien accommodée de cette nouvelle exigence ; et même que cette journée atypique restera dans les annales comme un excellent souvenir pour la plupart d’entre eux. Les joutes sanglantes sur l’échiquier n’empêchent en rien une saine camaraderie et de franches rigolades.

Et comme la campagne, ça ouvre l’appétit, Maxime postera le soir même sur les réseaux sociaux le contenu de son assiette, disons… assez bien fournie en protéines !

Après l'effort, le réconfort !
Après l’effort, le réconfort !

Malheureusement – ou heureusement, c’est selon – cette journée off, filmée en continu par la télévision norvégienne, n’était qu’une parenthèse au milieu de ce qui reste un des plus grands tournois d’échecs de ces dernières années. Revoyons donc le parcours de Maxime lors des 6 premières rondes…
Les 3 parties qui ont précédé l’escapade fermière ont donné lieu à trois nulles solides, face à Anand, So et Caruana. Un début sérieux, à défaut d’être enthousiasmant…

La Najdorf au supplice !

Puis vint l’heure de la première Najdorf, contre Nakamura. Comme au London Classic de décembre, Maxime n’a pas vraiment survécu à la phase délicate de transition entre l’ouverture et le milieu de jeu. Très précis une fois encore dans la concrétisation de l’avantage, l’Américain a porté une nouvelle estocade à l’ouverture fétiche du Français.

 Maxime, de retour de son escapade champêtre, en grande difficulté contre Nakamura

Maxime, de retour de son escapade champêtre, en grande difficulté contre Nakamura

La partie de la ronde 5 contre Aronian laisse un air de déjà-vu. Maxime accepte le Gambit Marshall d’Aronian, qui est devenu de nos jours une redoutable machine à annuler. Et en effet, le résultat n’est jamais vraiment mis en doute, même si les subtilités et les nuances microscopiques de cette ouverture suranalysée restent à l’évidence la partie immergée de l’iceberg.

Verre à moitié vide ou à moitié plein ?

Enfin, petite satisfaction à la ronde 6, avec une nulle facile ; un résultat jamais acquis d’avance, avec les noirs contre Magnus Carlsen ! On peut dire que dans cette partie, jamais le Norvégien n’aura pu mettre la moindre once de pression, et comme il le précisera juste après la partie, Maxime s’est toujours senti à l’aise, et même prêt à jouer pour l’avantage.

Et quelques petits « blitz à 4 » pour se mettre aux choses sérieuses !
Et quelques petits « blitz à 4 » pour se mettre aux choses sérieuses ! (Photo : Tarjei T. Svensen | https://twitter.com/TarjeiJS/status/874355339579273216 )

Alors, à 3 rondes de la fin, c’est l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein… Un parcours totalement identique à celui du champion du monde Magnus Carlsen (5 nulles et une défaite lors de la ronde 4) doit-il être considéré comme satisfaisant, ou insuffisant ? Chacun en fera la lecture qu’il voudra, mais il est certain que, bénéficiant de 2 fois les blancs lors des 3 dernières rondes, Maxime aura à cœur de revenir au moins à 50% des points.
Reprise des hostilités mercredi à 16h, après une deuxième et dernière journée de repos ce mardi. Maxime aura les blancs face à Anish Giri.

Site officiel : http://norwaychess.no/

Les parties de Maxime (ronde 1 à 6) :

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