Mes championnats de France Jeunes

La période est calme avant le prochain grand tournoi, à partir de fin avril en Norvège. J’en profite pour recharger les batteries, réfléchir à la suite… et m’entraîner !
Pendant ce temps se déroule le championnat de France Jeunes 2018 à Agen, avec près de 1.600 joueurs réunis pendant une semaine. Je me suis dit que c’était un bon moment pour présenter « mes » championnats de France Jeunes, ceux que j’ai disputés sans discontinuer pendant huit ans, de 1997 à 2004.

Ayant entre 6 et 13 ans à l’époque, je n’ai pas forcément de souvenirs très précis et j’ai certainement oublié de nombreux détails. J’en garde quand même un excellent souvenir, même si je n’ai pas pu en profiter dans la période de l’adolescence. En plus, j’ai rarement joué dans ma catégorie car j’étais souvent surclassé, et je me trouvais donc en général avec des gens plus âgés que moi. Bon, comme j’avais déjà l’habitude de me balader pendant les parties, je voyais quand même pas mal de têtes familières !
Mes huit championnats se sont répartis assez uniformément aux quatre coins de la France, ce qui m’a permis de visiter l’Hexagone avec mes parents et ma sœur !

Petit survol de ces tournois…

MONTLUCON 1997 : champion en Petit-poussin

J’avais 6 ans et c’était mon tout premier championnat de France, au terme de ma première saison en club. Mes deux premières compétitions avaient d’ailleurs été le championnat du Val-de-Marne et le championnat d’Ile-de-France Petits-poussins, étapes de qualifications franchies à l’arraché ! Quand je suis arrivé à Montluçon, je n’avais donc aucune ambition de remporter le championnat ; je jouais mes parties, et j’étais juste content de placer une combinaison et de gagner !

Liste des participants du Championnat de France petit-poussin 1997, Maxime non-classé.
Liste des participants du Championnat de France petit-poussin 1997, Maxime non-classé.

Mais j’ai commencé à battre les favoris ! Parmi eux, je me souviens notamment d’Edouard Bonnet (Ndlr : grand espoir français des années 2000, qui ne joue presque plus et excelle désormais dans les sciences de l’informatique ! http://www.lamsade.dauphine.fr/~bonnet. Au championnat du monde U12 en 2001, Edouard terminera d’ailleurs dans le groupe des 2e avec Maxime, derrière un certain Karjakin !). J’ai pris la tête du tournoi et le titre est arrivé comme une surprise pour tout le monde, moi y compris !

ROCHEFORT 1998 : 9e en Poussin

J’avais 7 ans et je commençais à avoir quelques résultats probants. Du coup, j’ai été surclassé en Poussin et, même si je n’en avais pas conscience à l’époque, je n’avais sans doute pas encore le bagage technique suffisant pour concourir avec les tout meilleurs dans cette catégorie. En effet, certains joueurs avaient déjà fêté leurs 10 ans.

Maxime dans ses plus tendres années !
Maxime dans ses plus tendres années !

Le tournoi avait pourtant bien commencé pour moi (3.5/4), puis j’ai perdu à la ronde 5 en jouant le Gambit Morra contre la Sicilienne. De mémoire, c’était une impro sur l’échiquier, et j’ai finalement récupéré mon pion, mais avec une position très inférieure ; c’était mon premier et dernier Gambit Morra ! (Ndlr : contre un autre jeune prometteur, Helder Frade Marques, qui arrêtera les échecs à l’adolescence). Une autre défaite dans le tournoi me laissera finalement à la 9e place…

ROMANS-SUR-ISERE 1999 : champion en Poussin

J’avais 8 ans et je suis resté en Poussins, retrouvant du coup mes adversaires principaux de Montluçon 97.

Brethes-Mvl, Romans 1999 ; pas si facile de calculer les transitions en finale de pions à 8 ans. Ici, j’y parviens parfaitement : 37…Txe3! 38.fxe3 h5 39.b4 axb4 40.a5 b3 41.a6 b2 42.a7 b1=D 43.a8=D Dc2+ 44.Rg1 Rf3! 0-1.
Brethes-Mvl, Romans 1999 ; pas si facile de calculer les transitions en finale de pions à 8 ans. Ici, j’y parviens parfaitement : 37…Txe3! 38.fxe3 h5 39.b4 axb4 40.a5 b3 41.a6 b2 42.a7 b1=D 43.a8=D Dc2+ 44.Rg1 Rf3! 0-1.

Les choses avaient plutôt bien débuté, j’étais à 4/4, mais ensuite, j’ai donné ma Dame en un coup dans l’ouverture contre Edouard Bonnet ! Sans doute la pire gaffe de ma carrière… J’ai quand même gagné les trois suivantes, et assuré le demi-point du titre dans la dernière ronde, après un début de partie rocambolesque (voir encadré en fin d’article).

PAU 2000 : champion en Pupille

J’avais 9 ans, et j’ai concouru en Pupilles. J’ai toutefois abordé le tournoi dans le groupe de favoris. A partir de là, je serai d’ailleurs toujours surclassé dans les championnats suivants.

 Mvl-Sancho, Pau 2000 ; un esthétique sacrifice de Dame vient couronner l’attaque : 24.Teg3! Fxc1 (24…gxh6 prolongeait un peu la fin de vie) 25.Txg7+ Rh8 26.Tgg3! (un coup tranquille mais le mat est imparable) 26…De7 27.Fg7+ 1-0.

Mvl-Sancho, Pau 2000 ; un esthétique sacrifice de Dame vient couronner l’attaque : 24.Teg3! Fxc1 (24…gxh6 prolongeait un peu la fin de vie) 25.Txg7+ Rh8 26.Tgg3! (un coup tranquille mais le mat est imparable) 26…De7 27.Fg7+ 1-0.

Dans mon souvenir, c’était un tournoi difficile, avec des parties accrochées. On ne gagnait plus du matériel avec des petites combinaisons faciles, comme deux ou trois ans plus tôt ! Mais le tournoi s’est déroulé de la plus parfaite des façons, puisque j’ai fait le plein avec 7/7, en prenant au passage ma revanche sur Frade Marques dans une très bonne partie ! Mais j’ai perdu la huitième contre Edouard Bonnet, au terme d’une partie assez délirante, sur le Dragon Accéléré que j’affectionnais à l’époque et que j’avais travaillé avec mon entraîneur, le MF Eric Birmingham.

Bonnet-Mvl, Pau 2000 ; j’ai une Dame nette de plus et j’ai le trait, et c’est pourtant moi qui suis en danger !
Bonnet-Mvl, Pau 2000 ; j’ai une Dame nette de plus et j’ai le trait, et c’est pourtant moi qui suis en danger !

J’ai raté la nulle et j’ai fini par m’incliner, permettant à mon adversaire du jour et à Frade Marques de me rejoindre à 7/8. Heureusement, j’ai remporté la dernière, certes au terme d’une partie très chaotique, et aucun de mes concurrents ne s’est imposé, me permettant d’empocher mon troisième titre sans passer par la case « Départages » qui semblait se profiler.

Déjà en pyjama, mais au travail avec Eric Birmingham !
Déjà en pyjama, mais au travail avec Eric Birmingham !

AMIENS 2001 : 12e en Benjamins

J’avais 10 ans et j’ai été surclassé en Benjamins. J’ai bien commencé avec 4/4, avant de connaître un sérieux trou d’air, sous la forme de trois défaites consécutives ! Je n’aurais pas imaginé battre ce record, mais je l’ai fait plus tard en 2015, avec quatre défaites de rang au tournoi de Khanty-Mansyik… Du coup, je ne pouvais plus prétendre à rien, et malgré deux victoires pour finir, j’ai dû me contenter d’une modeste 12e place, mon pire résultat dans un championnat Jeunes.

Le sourire avant de commencer la partie !
Le sourire avant de commencer la partie !

HYERES 2002 : champion en Minimes

J’avais 11 ans, mais je suis quand même monté en Minimes, d’autant que j’avais le meilleur Elo français dans cette catégorie (Ndlr : 2278). Je me souviens que ce tournoi a été serré de bout en bout. Je me suis moins enflammé que l’année précédente à Amiens, et de toute façon, le niveau de résistance des adversaires commençait à augmenter sérieusement ! Au final, j’ai fait 7/9 avec quatre nulles, et nous étions quatre ex-aequo, avec Xavier Beudaert (Ndlr : aujourd’hui classé 2275), Jean Netzer (Ndlr : MI, 2410) et Kevin Bordi (Ndlr : 2288 et commentateur échiquéen sur Internet, https://www.youtube.com/channel/UCcXH6W9ey_h8LEx2lFxp5fg/featured). J’ai donc dû disputer mon premier match de départage, et en plus à quatre joueurs ! Je me souviens que j’avais 1.5/2 et Beudaert 2/2, et que nous nous sommes rencontrés dans la dernière partie du départage, titre en jeu. Une nulle lui suffisait, mais je l’ai emporté, accrochant un quatrième titre Jeunes !

 Mvl-Monsieux, Hyères 2002. Parfois, il faut un peu de chance ; ici, j’ai eu un coup de pouce du destin dès la première ronde. Dans cette position à peu près équilibrée, les noirs jouent le fautif 37…Tf8?, qui perd du matériel de manière forcée après 38.Ce7! Th8 (38…Dxe7 39.Dxf8) 39.Cc6+ Ra8 40.Dg7! Tg8 (40…De8 41.Dxc7) 41.Df7 1-0.

Mvl-Monsieux, Hyères 2002. Parfois, il faut un peu de chance ; ici, j’ai eu un coup de pouce du destin dès la première ronde. Dans cette position à peu près équilibrée, les noirs jouent le fautif 37…Tf8?, qui perd du matériel de manière forcée après 38.Ce7! Th8 (38…Dxe7 39.Dxf8) 39.Cc6+ Ra8 40.Dg7! Tg8 (40…De8 41.Dxc7) 41.Df7 1-0.

LE GRAND-BORNAND 2003 : 2e en Cadets

J’avais 12 ans et j’ai joué en Cadets, car j’avais à nouveau le meilleur classement Elo (Ndlr : 2382). Mais j’ai mal débuté, notamment en ne tirant que 0.5/2 de la traditionnelle journée à deux parties, celle des rondes 2 et 3. J’ai donc fait le tournoi en sous-marin pour finir à un honorable 7/9, pas suffisant toutefois pour le titre, raflé par Matthieu Cornette. J’ai quand même joué un match de départage à 4 pour la deuxième place, que j’ai remporté. De mémoire, j’ai fait pas mal de points en finale de Tours, et j’ai notamment en tête une finale T+P f/g contre T+P h !
A l’époque, j’avais été un peu déçu de cette deuxième place mais objectivement, c’était déjà pas mal, surtout si l’on regarde le début du tournoi.

REIMS 2004 : champion en Juniors

J’avais 13 ans et j’ai joué la plus haute catégorie, en Juniors. C’était mon dernier championnat de France Jeunes. Les choses se sont bien passées à Reims, mais il faut dire que 2004 est une année au cours de laquelle j’ai passé un gros cap en termes de niveau de jeu. Nous étions quatre favoris entre 2400 et 2500, avec Matthieu Cornette, Sébastien Mazé et Fabien Libiszewski (Ndlr : aujourd’hui tous GMI).

Extrait de la grille américaine du championnat junior 2004 (www.echecs.asso.fr ).
Extrait de la grille américaine du championnat junior 2004 (www.echecs.asso.fr ).

J’ai bien commencé avec 4/4, dont une victoire contre Fabien dans une Trompovsky très complexe. J’ai ensuite annulé contre Sébastien et Matthieu. Avant la dernière ronde, Seb et moi étions à 7/8. Il a fait nulle, et de mon côté j’ai battu un autre Sébastien (Ndlr : Plantet, qui a arrêté les échecs deux ans plus tard…). Pourtant, j’avais proposé nulle mais il avait refusé et avait pris trop de risques.

Suite à ce titre dans la catégorie reine à 13 ans, j’ai clôturé mon histoire avec les championnats de France Jeunes, quelques mois avant d’en commencer une nouvelle, dans le National du championnat de France (Adultes !), en août 2004 à Val d’Isère.
Mais c’est une autre histoire !

[otw_shortcode_quote border=”bordered” border_style=”bordered” background_pattern=”otw-pattern-1″]Fingerfelher / Faute de doigtRomans-sur-Isère 1999. Avant la dernière ronde, Maxime est en tête du championnat Poussin à 7/8, ex-aequo avec Alexandre Pottier (encore un joueur qui semble avoir arrêté les échecs à l’adolescence !). Ce dernier perd sa partie, et Maxime a les noirs contre Julien Hirth ; une nulle lui suffit. Sur 1.d4, il se prépare à répondre par son habituel Gambit-Dame Tartakover de l’époque (et oui, il n’était pas encore un adepte de la Grünfeld, et ni même de la Najdorf !). Il joue donc 1…d5, note son coup, et relève la tête pour se rendre compte avec effroi qu’il a en réalité poussé le pion 1…e5 ! On peut en conclure que dès 8 ans, Maxime n’était déjà pas un fan des rondes du matin ! Malgré ce Gambit Englund improvisé, il empochera quand même le demi-point qui lui assurera le titre.[/otw_shortcode_quote]

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