Trou d’air…

Je suis arrivé à Wijk aan zee dix jours avant le début du tournoi Tata Steel, afin de respecter la période de quarantaine avant que le tournoi ne commence. La plupart des joueurs ont préféré faire cette quarantaine pendant le tournoi, mais j’ai pensé que ce n’était pas forcément une mauvaise idée de m’acclimater à Wijk. Je n’avais pas non plus un environnement idéal à Paris, avec pas grand-chose à faire de plus que dans la petite cité balnéaire néerlandaise. Bon, j’ai sans doute sous-estimé que 25 jours sur place, avec tous les restaurants fermés et un couvre-feu très précoce, ça allait être un peu long !

J’ai surtout manqué d’activité parce que quand je pouvais sortir dehors, soit il faisait un froid de canard, soit il y avait ce vent désagréable si typique ! Mais le plus important quand même, c’est que j’étais content de rejouer un tournoi en présentiel et de retrouver quelques repères avant la reprise des Candidats.

Concernant l’analyse globale de mon tournoi, je ne vais pas tourner autour du pot, c’est clair que ça a été un échec sur toute la ligne. A l’évidence, il y a beaucoup de choses qui n’ont pas fonctionné. Cela dit, je préfère prendre ça comme un avertissement sans frais et franchement, je ne m’attends pas à montrer ce niveau de jeu abominable aux Candidats. En tout cas, je vais tout faire pour que ça ne soit pas le cas 🙂 .

Dans l’ensemble, je n’ai pas obtenu les positions que je souhaitais et même dans les rares cas où je les ai obtenues, je faisais rapidement des erreurs qui venaient tout gâcher.

En début de tournoi, la situation ne semblait pas si terrible, avec 4 nulles d’affilée certes, mais sans perdre et en ayant eu des occasions, notamment contre Anton et contre Firouzja. C’est vrai que ça aurait pu changer mon tournoi, mais de manière générale, de toute façon, mon niveau de jeu était trop faible pour qu’on puisse se dire que ça s’est joué sur des détails ; ce n’est pas du tout le cas, et la vérité est que j’ai montré trop de lacunes.

Tournoi épouvantable, mais toujours un sourire (photo: L.Ootes).

D’abord, dès le début j’ai senti que je n’avais pas les mêmes repères qu’à l’accoutumée et que clairement, il y avait quelque chose qui clochait. La longue interruption des tournois physiques, l’isolement et la quarantaine à Wijk, une préparation compliquée pour les Candidats, tout ça a joué évidemment…

Ensuite, j’ai repris de mauvais réflexes quand le tournoi a commencé à mal tourner ; envie de se refaire, prises de décision précipitées, perte de motivation… Mais quoi qu’il en soit, j’ai commis des fautes de calcul qui ne doivent pas arriver, ainsi que des erreurs de jugement qui ne doivent pas non plus arriver.

Du coup, j’ai rarement eu l’occasion d’exprimer mon jeu. Une des rares parties où j’ai eu cette occasion, c’était contre Giri et même là, je me suis retrouvé en difficulté à partir d’une position qui avait l’air tellement prometteuse !

Giri-Mvl, Ronde 9.

Ici, j’ai sacrifié pion et qualité, mais les blancs ne peuvent plus bouger une pièce ! Mais pas de chance, la position reste objectivement équilibrée et j’ai malheureusement cherché à prendre l’avantage à tout prix.

C’est la raison pour laquelle j’ai joué 34…b4?! après 15 minutes de réflexion parce que, pour parler clairement, je ne voulais pas faire nulle et qu’il n’y a pas grand-chose d’autre à entreprendre. Après 35.axb4 Dxb4, j’ai principalement regardé 36.Ta4, alors que son coup 36.d6 était plus critique. J’ai continué par 36…Tb8 (peut-être 36…Fe6!?) 37.Ta3, et ici je devais trouver le seul coup qui tient la baraque, 37…Db5!, ce qui est quand même, vu ma position trois coups avant, assez incroyable 🙂 . Je ne l’ai pas trouvé et ma position s’est vite écroulée après 37…Db7? 38.Rc1! Dd7 39.Dd5 Fxd6 40.Ta6! (1-0, 70 cps).

Au lieu de passer à -1, je me suis donc retrouvé à -3 à 4 rondes de la fin, plombant définitivement mon tournoi.

Malgré mon résultat final déplorable (5/13), c’était agréable de pouvoir retrouver tous les joueurs que je n’avais pas vu en face de moi depuis un certain temps 🙂 . Et je trouve que l’organisation a été au niveau des exigences du moment – pourtant très élevées – et ce même si la gestion par l’arbitre de la dernière partie du tournoi laissait à désirer (intervention en fin de partie Firouzja-Wojtaszek pour changer de table) ; mais à l’évidence, ça ne méritait pas le torrent de méchanceté gratuite qui s’est déversé sur les organisateurs par la suite.

Un petit mot pour Jorden Van Foreest, qui a défié tous les pronostics et s’est imposé de façon convaincante devant son public (virtuel).

En conclusion, je dirais que ce tournoi a mis en évidence le fait que j’ai encore beaucoup de choses à améliorer. Je dispose de deux bons mois de préparation en perspective pour les Candidats, puisque si l’on n’a pas à ce jour de garanties sur les dates exactes, tout indique que le tournoi reprendra dans la deuxième quinzaine d’avril en Russie.

Avec maintenant une échéance claire qui se dessine à l’horizon, je sais ce qu’il me reste à faire…

Les parties de Maxime :

Pendant le précédent tournoi du Champions Chess Tour, la qualité de l’air respiré chez eux par cinq des participants a été mesurée (Carlsen, So, Giri, Harikrishna et Mvl). Les détecteurs traquaient le Co2, la température, ainsi que les taux d’humidité, de composés organiques volatiles, et de radon.

Et sur la durée du tournoi, c’est Maxime qui a bénéficié de l’air le plus sain en moyenne. Coïncidence ou pas, Airthings remarque que c’est également celui des cinq qui a été le plus loin, terminant à la troisième place du tournoi !

L’Indien Harikrishna était le mauvais élève du lot, comme vous pouvez le constater sur les chiffres ci-dessous…

Qualité de l’air chez MVL pendant le tournoi Airthings
Qualité de l’air chez Harikrishna pendant le tournoi Airthings
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